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et officiers jusqu’au grade de capitaine exclusivement. » (Titre Ier, art. 3, 4 et 19.)

La même ordonnance réservait dans toute l’infanterie française, aussi bien qu’étrangère, aux plus anciens lieutenans en premier, les emplois de capitaines en second; aux plus anciens capitaines en second, les emplois de capitaines-commandans ; aux capitaines ayant vingt ans de service, les emplois de majors; aux majors ou aux deux premiers capitaines-commandans dans les troupes à pied, aux chefs d’escadron dans les troupes à cheval, les emplois de lieutenans-colonels ; aux majors en second et aux lieutenans-colonels après quatre ans de service, sauf action d’éclat à la guerre, les emplois de colonels; aux colonels, après seize ans de service dans leur grade ou dans celui de lieutenans-colonels titulaires, et aux lieutenans-colonels après vingt ans de service, les emplois de maréchaux de camp (le grade de brigadier étant supprimé) ; enfin, aux maréchaux de camp ayant été employés au moins deux ans pendant la paix ou un an à la guerre, les emplois de lieutenans-généraux.

Multiplicité des emplois. — Dans un état bien ordonné, le nombre des emplois doit correspondre à celui des fonctions d’une utilité reconnue, et celui des employés doit être exactement calculé sur celui des emplois à remplir. Tout ce qui dépasse cette limite n’est que superfétation ; la machine, au lieu d’y gagner en puissance, n’en est qu’alourdie. L’ancien régime était condamné par son essence à méconnaître cette règle de bonne administration. Il lui fallait, pour satisfaire ses privilégiés, beaucoup d’offices, et, comme il ne pouvait les multiplier à l’infini, il en était venu de très bonne heure à conférer le même à plusieurs titulaires. De là, dans l’état militaire, ce luxe d’emplois, souvent superflus ou purement décoratifs, qui nous paraît si choquant aujourd’hui : gouverneurs-généraux, gouverneurs particuliers, lieutenans-généraux, commandans en second, lieutenans du roi, majors de ville et majors de château, aides-majors et sous-aides-majors, lieutenans des maréchaux de France, etc. — On a calculé que, sous le ministère de Choiseul, le chiffre total des places occupées par des officiers-généraux ou particuliers, en dehors du service actif et régulier, s’élevait à 2,207, coûtant à l’état 5,165,485 livres[1]. Et quand Saint-Germain voulut mettre un peu d’ordre dans cette partie de l’administration, il ne trouva pas moins de 1,211 officiers pour les gouvernemens-généraux et les états-majors de places seulement. L’Almanach militaire de 1775 portait encore :

  1. D’Expilly, Dictionnaire, au mot Gouverneur.