générale ; les collecteurs de taille ou de sel pendant l’année de leur exercice ; tous les employés des ponts et chaussées.
Pour cause de famille : les frères d’un milicien à raison de deux par milicien et à la condition d’être de la même paroisse.
Pour cause de bourgeoisie : le fils aîné des bourgeois payant 35 livres de capitation.
Pour cause de domesticité : les domestiques des maisons royales, des princes, des princesses et des seigneurs ; les jardiniers des pépinières royales ; les domestiques des officiers de justice et de finance ; les valets à gages des ecclésiastiques, communautés, maisons religieuses, gentilshommes, gouverneurs et commandans de provinces, gens de police, gens du roi, etc. ; le principal valet d’un curé[1] ; les garde-chasse, etc.
Et ce n’est pas tout ; à ces cas d’exemptions légales, déjà si nombreux, venaient encore s’ajouter ceux dont l’appréciation appartenait aux intendans et dont la liste était dressée chaque année par le gouvernement sur leur proposition.
En somme, sous un prétexte ou sous un autre, tout ce qui comptait dans le tiers-état bourgeois, marchands, industriels ou cultivateurs aisés, fonctionnaires publics, gens de robe, avocats, maîtres d’école, ainsi que leurs fils et leurs domestiques, échappait à la milice, et c’était le peuple des campagnes qui en supportait presque toute la charge. Quoi d’étonnant qu’il la trouvât lourde[2] et qu’il cherchât par tous les moyens à s’y soustraire ! La correspondance des gouverneurs et des intendans est pleine de doléances à ce sujet. Chaque tirage, écrit Turgot, était le signal des plus grands désordres dans les campagnes et d’une espèce de guerre civile entre les paysans, dont les uns se réfugiaient dans les bois, où les autres allaient les poursuivre à main armée pour enlever les fuyards et se soustraire au sort que les premiers avaient cherché à éviter. — Les meurtres, les procédures criminelles se multipliaient ; la dépopulation des paroisses et l’abandon de la culture en étaient la suite. » Le mal était si grand qu’on en était venu dans beaucoup de généralités à permettre aux communautés de se procurer des hommes à prix d’argent. Condorcet l’avoue dans sa biographie de Turgot, et, chose étrange, le loue hautement d’avoir eu recours à cet expédient, d’ailleurs fort répandu. Il y avait longtemps, en effet,
- ↑ Tous ces cas d’exemptions sont extraits de trois textes contenus dans les ordonnances du 27 novembre 1765, 19 octobre 1773 et 1er décembre. Chacun de ces textes n’a pas moins de huit pages in-4o. (Voir la collection des Ordonnances.)
- ↑ La milice est « en horreur dans toute la France, » écrit le maréchal de Chaulnes dans un mémoire adressé au roi. (Mémoires du duc de Luynes, V, 266.)