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des mines de cuivre, sur un plateau qui prit dès lors le nom de plateau des Réguliers. Le lendemain, après un court engagement en avant de Médéa, la ville fut occupée ; elle était absolument déserte. Le maréchal la fit mettre en état de défense, autant qu’il était possible de faire en trois jours, l’arma d’artillerie, la pourvut de munitions et de vivres pour deux mois, et en confia le commandement au général Duvivier, avec une garnison de deux mille quatre cents hommes formée du 23e de ligne, d’un bataillon du 24e, d’un bataillon du 58e et de détachemens d’artillerie et du génie. Dans la nuit du 17 au 18, la cavalerie venue de France, qui se croyait bien en sûreté dans l’angle compris entre le mur de la ville et l’aqueduc, se laissa surprendre par une bande de partisans heureusement peu nombreuse ; autrement la surprise eût pu avoir des résultats funestes, car la panique fut grande, et sans l’infanterie qui vint à la rescousse, les régimens de marche n’en auraient pas été seulement pour une trentaine de chevaux blessés ou enlevés.

Le 20 mai, l’armée reprit le chemin du col. La première division marchait en tête, puis le convoi escorté par la cavalerie; l’arrière-garde était faite par ce qui restait de la deuxième division, c’est-à-dire un bataillon du 15e léger, un du 48e et les trois bataillons du 17e léger. C’est à ce moment-là que l’émir attendait la revanche. A droite de la route, un bataillon d’askers se dissimulait dans le ravin de la haute Chiffa ; à gauche, deux autres bataillons occupaient le plateau des Réguliers ; en arrière, une colonne de cinq mille cavaliers se prolongeait sur le chemin de Miliana. Le mouvement des troupes françaises avait commencé tard et se faisait lentement; quand, après le défilé de l’interminable convoi, l’arrière-garde s’engagea dans le bois des Oliviers, ce fut sur elle que, selon l’usage traditionnel des Arabes, s’abattit l’orage. La vieille futaie devint le théâtre d’un des combats les plus acharnés qu’on eût encore vus en Afrique. Pendant longtemps le 17e léger presque seul en supporta l’effort; car les deux autres bataillons, avaient assez à faire de protéger le convoi menacé par des Kabyles embusqués dans la montagne. Abd-el-Kader dirigeait habilement ses troupes ; les cavaliers avaient mis pied à terre et fournissaient un feu plus meurtrier que s’ils étaient demeurés à cheval. On voyait des cheiks richement vêtus s’avancer à vingt pas des tirailleurs français et aligner les leurs sur les hampes des drapeaux fichés en terre. Les réguliers de droite essayèrent de couper derrière le 17e léger la route du col en gagnant du terrain vers la mine de cuivre, mais un détachement de chasseurs d’Afrique, démontés comme les cavaliers de l’émir, leur barra le passage. Que faisait cependant le maréchal ? Toujours plus préoccupé du convoi que de la bataille, il se borna d’abord à faire mettre en batterie deux pièces de montagne