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de Mimich, leurs vedettes se bornaient à surveiller Blida. Entre la ville et le camp supérieur, le général Duvivier faisait ouvrir une route à travers les jardins et les orangeries. Chaque jour, un millier d’hommes sortaient du camp et de Blida, employés alternativement au travail et à la surveillance. Le 29 janvier 1840, ils venaient d’arriver à l’ordinaire, quand, à huit heures, d’une futaie d’oliviers, appelée communément le Bois-Sacré, une violente fusillade éclata sur eux ; puis apparurent des compagnies d’askers et des bandes de Kabyles. D’abord surpris, les travailleurs se rallièrent sous la protection de leurs camarades armés, reprirent leurs fusils, et, commandés par le lieutenant-colonel Drolenvaux, du 2e léger, se formèrent, prêts à combattre. Aux premiers coups de feu, le général Duvivier avait fait sortir de Blida un bataillon du 24e ; plus rapidement encore, le colonel Changarnier était accouru avec ses deux bataillons disponibles et quatre obusiers de montagne. En passant, il avait posté, dans un jardin entouré de cactus, sous les ordres du capitaine Leflô, deux cents hommes et deux obusiers, pour tenir à distance un gros corps de cavalerie qui venait de la Chiffa; puis il s’était jeté dans le flanc gauche de l’infanterie ennemie, que les troupes de Drolenvaux attaquaient de front. En peu d’instans, le Bois-Sacré fut repris, et il ne fallut pas beaucoup plus de temps pour refouler au-delà de l’Oued-kebir l’assaillant qui avait compté faire de cette surprise la revanche de l’Oued-el-Alleg. Dans cette affaire, qui découragea définitivement l’ennemi et rendit la sécurité à Blida, le 2e léger eut soixante-cinq hommes tués ou blessés.

Autant le gouverneur était satisfait de la prestesse de Changarnier, autant il blâmait l’extrême circonspection du général Duvivier, qui, d’ailleurs, avait eu le tort de se laisser surprendre. « Le général Duvivier, écrivait-il au général d’Houdetot, le 1er février, me paraît trop exclusivement occupé de la défense de Blida ; quatre mille cinq cents hommes y sont réunis contre un ennemi beaucoup moins fort, en admettant même qu’il y eût deux bataillons réguliers. Ce point, fort par lui-même, fort par l’existence du camp supérieur, que le général regarde comme un inconvénient, et qui cependant empêche Blida d’être bloqué de près, en prenant des revers contre les attaques et la base d’opération de l’ennemi, s’il veut sortir des montagnes, ce point ne devrait pas faire oublier au général l’ensemble des opérations de l’armée et le concours qu’il doit prêter à leur exécution. »


III.

Il y avait près d’un mois que la guerre avait envahi la province d’Alger, alors qu’autour d’Oran tout restait tranquille encore ; c’est