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inférieur, au nord-est, et l’établissement de deux blockhaus au sud, au-dessus de la gorge de l’Oued-Kébir, assurèrent l’occupation. En abandonnant Blida et Koléa aux Français, Abd-el-Kader avait compté ne leur abandonner que des murs; depuis longtemps, ses émissaires prêchaient aux habitans l’obligation de s’éloigner des infidèles et les pressaient d’émigrer sur le territoire de l’émir. Il s’était avancé lui-même chez les Beni-Sala pour se donner le spectacle de l’exode attendu. Il attendit en vain; comme il ne pouvait pas employer la contrainte, la persuasion ne fut pas assez forte. Une tentative ingénieuse de son khalifa Si Mohammed ben Allai ben Sidi Mbarek ne réussit pas davantage. Ce descendant des illustres marabouts de Koléa demanda au gouverneur l’autorisation de transporter à Miliana les restes sacrés de ses ancêtres ; l’autorisation fut refusée; la population, qui aurait suivi peut-être l’émigration des reliques vénérées, demeura paisible autour de leurs tombes, et l’émir désappointé reprit le chemin de Mascara.

Peu de temps après, son envoyé Ben-Arach revenait aussi désappointé, après un séjour de quatre mois à Paris. « Ben-Arach, écrivait au gouverneur le comte Molé, le 13 juin, avait, j’en suis certain, pour mission d’obtenir pour son maître la cession de Constantine, aux conditions que la France aurait voulu lui imposer ou à peu près. Ses deux acolytes Bouderba et Ben-Durand m’ont fait arriver de très loin et par plusieurs intermédiaires cette idée. J’ai refusé de rien entendre, ni directement ni indirectement, en disant que les affaires d’Afrique se faisaient en Afrique, et qu’au gouverneur-général de nos possessions appartenait seul de négocier avec Abd-el-Kader et d’adresser, avec son avis, au gouvernement du roi les propositions qu’il aurait reçues. » Le gouverneur entreprit donc de négocier avec Ben-Arach, non pas à propos de Constantine, dont il ne fut pas parlé, mais au sujet des territoires en litige à l’orient de la Métidja. En dépit des protestations de l’Arabe qui se déclarait sans pouvoirs pour traiter d’une aussi grave affaire, le maréchal crut triompher quand il lui eut fait apposer, le II juillet, mais seulement ad referendum, son cachet au bas d’une convention explicative du traité de la Tafna. Cette convention, en quatre articles, assurait à la France les vallées de Tisser et du Sebaou, le fort de Hamza au sud, et la communication directe d’Alger à Constantine par le fameux passage des Biban-el-Hadid ou Portes de fer. Restait à obtenir le plus difficile, la sanction d’Abd-el-Kader ; mais où le prendre? Il avait encore une fois disparu; on le disait occupé, bien loin dans le sud, à la conquête d’une oasis du Zab. Impatient d’en finir avec cette convention qui tranchait les difficultés, le maréchal fit partir aussitôt à la recherche de l’émir son gendre, qui était