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LES DESCENDANS DES MAGES.

de l’humaine nature ; ils savent un peu de médecine, et ils ne manquent jamais de recommander de prendre bien soin de l’enfant lorsqu’il aura cinq ou six mois, sachant bien qu’alors la dentition le fait souffrir, crier et pleurer.

À l’âge de six ans et trois mois, les (illes ou garçons revêtent la sudra et entourent leur taille du kusti ou ceinture. Il y a une grande fête à cette occasion dans la famille. L’enfant est placé devant un prêtre, qui, après avoir récité des prières, lui fait boire trois fois le sacré nizandin et mâcher la feuille amère du grenadier ; finalement, l’enfant est lavé et enveloppé dans une blanche étoffe de lin. Ainsi costumé, on le conduit dans le salon où se trouvent le dastur ou grand-pontife, les parens de l’enfant et un grand nombre d’invités. Ceux-ci sont en habits de gala, les femmes font parade de leurs tuniques aux couleurs éclatantes, et les prêtres qui assistent le grand-dastur portent des robes blanches.

Selon la loi mazdéenne, un garçon ou une fille ne peuvent être unis avant l’âge de quinze ans, et cette règle a été, pendant des siècles, observée par les anciens Parses. Avec le temps, ils l’oublièrent et imitèrent les Hindous, qui fiancent leurs enfans dès l’âge de neuf ans. C’est une de leurs lois religieuses, et une grande honte pèserait sur les familles si celles-ci n’y obéissaient pas. Les Parses, toujours disposés à se réunir, à déployer leur luxe et à donner de plantureux dîners à leurs amis et parens, ne refusaient jamais l’occasion de célébrer ces trop précoces mariages. Il est rare, dans de telles conditions, qu’un homme et une femme s’unissent selon leur cœur, et c’est d’autant plus à regretter que les mariages d’intérêt sont inconnus.

Voici comment, à Bombay, ils se célèbrent : il y a dans cette ville des prêtres de Zoroastre dont la profession est moins de prier que de faire contracter des unions. Connaissant presque toutes les familles, leur honorabilité et leur fortune, ils savent dans quelles maisons se trouvent des garçons et des filles assortis. Dès qu’ils croient un mariage possible, ces prêtres se mettent en rapport avec les parens, qui accueillent presque toujours avec faveur les avances du saint personnage. Mais, avant de pousser plus loin, les pères des garçons et des filles demandent qu’on leur communique les papiers sur lesquels un devin a tracé l’horoscope des futurs époux quand ils vinrent au monde. Ces documens sont remis à un astrologue, lequel consulte les étoiles et décide, d’après ce qu’il prétend y avoir vu, si l’union peut ou ne peut s’accomplir. L’augure est-il contraire ? Tout est rompu, et rien ne pourra modifie ! cette rupture. Est-il favorable ? Le jour du mariage est aussitôt décidé.