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LES DESCENDANS DES MAGES.

foudre tomba sur un arbre et l’incendia. Des prêtres en prirent les charbons encore brûlans, et ces charbons, pieusement alimentés au moyen de bûchettes, furent transportés en grande cérémonie de Calcutta dans nos temples de Bombay. »

En résumé, la doctrine de Zoroastre n’enseigne que l’unité de Dieu, sa puissance, sa bonté à l’égard des hommes et la vénération du feu. Elle exige une grande aversion pour Ahriman, le principe du mal et l’instigateur des mauvaises pensées. Toutes ces croyances, à peu de chose près, se trouvent dans toutes les religions, mais ce qu’on n’y rencontre pas toujours, c’est ceci : « le génie du mal ne sera pas éternel, et il aura disparu de ce monde longtemps avant le jour où le théisme deviendra la religion universelle. » Voilà du moins qui est consolant et qui donne de la justice du Dieu des Mages une idée très haute.

Autrefois, les Parses prenaient leurs repas comme les Hindous, et presque comme tous les peuples d’Océanie, accroupis sur le sol ou sur des nattes, cherchant et prenant avec leurs doigts leur nourriture dans un plat de cuivre. Aujourd’hui, les riches mangent à l’européenne, ou à peu près, comme on l’a vu ; les pauvres ont continué à s’accroupir et à prendre avec la main le riz fumant et servi simplement sur une feuille de bananier.

À l’occasion d’un mariage, à la suite de nombreuses invitations, c’est sur des tables recouvertes de feuillages qu’est servi le festin. Il est une coutume bien ancienne et que l’on observe toujours avant et après le repas, c’est celle de rendre grâce à la Providence de ce qu’elle ait procuré à manger à ceux qui croient en Mazda. Est-ce là l’origine du Benedicite ? Jusqu’à une époque très rapprochée de nous, les hommes n’admettaient pas les femmes à leur table. C’est un usage indien que les anciens Mages n’avaient pas, mais que les modernes avaient imité. Lorsque le roi de Macédoine Amyntas reçut à sa cour l’ambassadeur persan, celui-ci manifesta le regret de ne pas voir à table des femmes macédoniennes. En ceci encore, un changement s’est produit, car les repas se prennent en commun. Inutile, sans doute, d’ajouter que les Parses ne fument jamais ni tabac ni opium. Ce serait associer le feu qui est pur à la bouche, considérée comme chose impure.

Les femmes occupent dans leur société une position bien plus honorable et plus indispensable que les femmes hindoues et mahométanes. Le docteur Haug affirme qu’elles jouaient autrefois un rôle bien plus important que celui qu’elles ont aujourd’hui. Il en est toujours question dans les livres saints : elles remplissaient les mêmes devoirs religieux que les hommes, et, après leur mort, leurs âmes étaient aussi bien évoquées que les âmes des hommes défunts.