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LES DESCENDANS DES MAGES.

les roupies de leur solde, ils ne pourraient habiller ni leur femme ni leurs enfans, encore moins les nourrir. Il faut dire que la femme parse est toujours mieux vêtue que la femme hindoue ou musulmane. Celles-ci laissent aller leurs enfans à peu près nus jusqu’à l’âge de cinq ou six ans.

Le costume n’a plus rien chez les hommes de la splendeur des costumes d’autrefois. Il consiste simplement de nos jours en une longue chemise de mousseline blanche appelée sudra et ajustée au corps par une ceinture ; en un kusti ou gilet d’étoffe légère, avec manches, larges pantalons de soie et des pantoufles. Quand un Parse sort de chez lui pour assister à une cérémonie, il met par-dessus la sudra une longue tunique en cotonnade, assez semblable à une robe de chambre. Elle adhère au corps par une longue ceinture appelée pichori, faite de toile. Pour coiffure, il a le topi, hideux chapeau à deux pointes et en forme de mitre. Ses doigts, surchargés de bagues, brillent du feu de tous les diamans qu’il a pu y mettre.

Les femmes sont généralement bien formées, d’une belle complexion et d’une douce apparence. Elles paraîtraient plus belles si elles étaient autorisées à laisser voir leurs cheveux, qui, selon M. Dosobhai, sont magnifiques. Mais ils doivent rester cachés nuit et jour, sous une blanche étoffe. Comme les hommes, les femmes portent la chemise de coton, le pantalon de soie et une sorte de camisole serrée à la taille ; sur le tout, elles jettent le sair ou longue robe de soie ou de satin, à couleur claire, entièrement bordée d’un épais ruban en or ou doré.

À l’imitation des femmes hindoues et des mahométanes, les femmes parses ont longtemps porté une bague au nez. Cet anneau était d’or et agrémenté de trois perles, dont une devait tomber avec grâce, si c’était possible, sur le milieu de la lèvre supérieure. Mais le bon goût l’a emporté sur cet usage et les nez restent heureusement tels que la nature les a faits. Le plus grand luxe d’une femme parse est dans ses bijoux : la plupart d’entre elles en possèdent pour une valeur qui varie de 3,000 à 100,000 francs.

La vie d’un Mage est éclectique : il vit aussi bien à la façon européenne qu’à la façon persane, et même comme les Hindous. Mais ce sont les modes anglaises surtout qu’il adopte. Les historiens grecs avaient fait déjà la remarque que les Perses se distinguaient des autres peuples par la rapidité avec laquelle ils se pliaient aux mœurs et aux coutumes des peuples qu’ils voyaient. Ayant su que les Anglais avaient bâti à Calcutta des palais, ils se sont mis à construire à Bombay des maisons de ville et de campagne fort belles. L’intérieur en est richement décoré de tableaux et de meubles élégans ; mais, ce