Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 80.djvu/442

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
436
REVUE DES DEUX MONDES.

avec celui des Hindous et des mahométans, réglât leur mariage, leur divorce et leurs héritages. Ils obtinrent de la suprême cour de Bombay l’autorisation de former un faisceau de lois en rapport avec leurs usages et leur religion. L’œuvre fut laborieuse, car elle se discuta pendant trente ans, de 1835 à 1865. Deux juges de la cour suprême d’Angleterre y prirent part ainsi que deux Parses influens : l’un représentait les Parses de Bombay ; l’autre était mandataire des Parses de Surate.

Voici les lois principales de leur code actuel ; sur beaucoup de points, elles sont identiques à celles des Anglais.

La femme n’hérite pas des biens du mari si celui-ci n’a pas testé en sa faveur. Cette loi est conforme à l’usage en vigueur chez les anciens Mages. Toutefois, les législateurs ont reconnu qu’elle était contraire à l’esprit de la religion de Zoroastre. — Un mariage n’est valable que s’il est célébré selon la cérémonie mazdéenne appelée arhishad ; elle doit être célébrée par un prêtre mazdéen. — Un Parse ne peut contracter une nouvelle union du vivant de sa femme légitime, mais il est autorisé à le faire après un divorce légal. Il a été reconnu que la loi de Zoroastre était opposée à la bigamie ; cependant beaucoup de Mages en contact journalier avec les mahométans, chez lesquels la pluralité des femmes est autorisée, avaient cru pouvoir sans crime prendre exemple sur cette secte. — Si un mari ou une femme s’absente pendant sept ans du domicile conjugal, le divorce est de droit. — Les cas de divorce sont aussi bien applicables aux hommes qu’aux femmes, et ils se bornent à deux : inconduite et mauvais traitemens. Pour tous les autres actes de la vie civile, les Parses sont soumis aux règles régissant les Hindous, les mahométans et les Anglais.


II.

C’est longtemps avant d’avoir été placés sous l’égide de ce code que les descendans des Mages ont commencé les affaires, et ont réussi à accumuler des fortunes vraiment colossales qui font songer à celles des Rothschild en Europe, et des Vanderbilt aux États-Unis. Dès l’année 1660, ils trafiquaient avec les Portugais, les Hollandais et les marchands d’Arménie. Quand les Anglais pénétrèrent dans ces riches régions pour y créer la plus florissante de leurs colonies, ils devinèrent, grâce à leur admirable pratique des affaires, le parti qu’ils pouvaient tirer de l’honnêteté et de l’intelligence commerciale des Parses ; ils se les attachèrent par de bons procédés, en usant d’eux comme d’intermédiaires, surtout en les traitant sur un véritable pied d’égalité, ce qui les vengeait