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L’INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
DANS
LES ÉLECTIONS ALLEMANDES

On a vu souvent des papes s’immiscer motu proprio dans les affaires des gouvernemens, leur intimer des défenses ou des ordres, censurer leur politique ou leurs décrets, se poser impérieusement en arbitres des querelles que pouvait avoir César avec ses peuples. César protestait; c’est une longue et dramatique histoire que celle de ses bruyans démêlés avec la puissance spirituelle. Nous venons d’assister à un spectacle plus singulier et beaucoup plus rare. Nous avons vu un gouvernement autoritaire, ombrageux, très jaloux de ses droits, qui avait guerroyé quinze ans contre l’église et se faisait un jeu de déposer des évêques ou d’expulser des vicaires de campagne, solliciter l’assistance du souverain-pontife pour obtenir de son parlement le vote d’une loi qui lui tenait au cœur. Le saint-père a répondu obligeamment à cet appel, il a interposé ses bons offices et son autorité, il a engagé le parti catholique à se rendre agréable à M. de Bismarck eu adoptant le septennat militaire. Les chefs de ce parti n’ayant pas obtempéré à sa demande, il leur en a témoigné son déplaisir, il est revenu à la charge, et, autant qu’il était en lui, il a pesé sur les électeurs catholiques pour qu’ils envoyassent à Berlin une majorité docile, désireuse de complaire au chancelier.

Que nous sommes loin du temps où un pape d’esprit mystique et d’humeur batailleuse revendiquait fièrement ses droits contre le gouvernement