Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 80.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans un rentrant, et l’ancienne baie murée. Comme l’année précédente, Ahmed avait mieux aimé respirer l’air libre du dehors avec la cavalerie : c’était encore lien-Aïssa qui menait la défense avec les réguliers, les habitans armés, les Kabyles et surtout cinq cents canonniers du Levant, qui passaient pour être d’excellens pointeurs.

Bien que la brèche ne pût être pratiquée utilement que dans la muraille opposée au Coudiat-Aly, le général Valée avait jugé nécessaire d’établir sur le Mansoura quelques batteries, afin d’éteindre le feu de la kasba et de prendre de revers et d’écharpe les défenses du front d’attaque, il en voulut trois, dont deux tout au bord de l’escarpement du plateau, de part et d’autre d’un ancien ouvrage qu’on appelait la redoute tunisienne, l’une, à gauche, pour trois mortiers, l’autre, à droite, désignée sous le nom de batterie d’Orléans, pour deux canons de 16 et deux obusiers de 8 pouces. La troisième, dite batterie du Roi, devait occuper, plus à gauche, une saillie du rocher, inférieure d’une soixantaine de mètres à la crête, mais plus rapprochée de la place de 100 ou 150 mètres ; elle serait armée d’une pièce de 24, de deux de 16 et de deux obusiers de 6 pouces. La nuit venue, l’artillerie commença le travail des coffres et des plates-formes, tandis que le génie entreprenait, sur une longueur de 1,200 mètres, la construction d’une rampe en remblai dont les lacets devaient racheter la différence de niveau entre les batteries supérieures et la batterie du Roi. Au Coudiat-Aty, toutes les précautions furent prises pour mettre la position en état de défense. Du côté de la ville, la pente du mamelon n’était ni régulière ni continue ; elle descendait en quelque sorte par saccades, de ressauts en ressauts entrecoupés de ravines. Cette conformation du terrain, pour un ennemi qui en connaissait bien le détail, lui permettait d’arriver à couvert et tout près des postes avancés de l’assiégeant. Voici comment de ce côté les troupes furent disposées, à l’abri d’un parapet en pierre sèche : de droite à gauche, le 3e bataillon d’Afrique, le 26e de ligne, la légion étrangère. Sur le versant opposé, vers la campagne, la pente, plus normale et plus douce, était surveillée par le 47e précédé des deux escadrons du 1er chasseurs d’Afrique. Au Mansoura, la disposition était la suivante : à Sidi-Mabrouk, le quartier-général gardé par un bataillon du 17e léger: dans le voisinage, les parcs de l’artillerie, du génie et des vivres, couverts par le 11e et le 23e de ligne : sur le plateau, en arrière des batteries, les zouaves, le bataillon turc, les tirailleurs d’Afrique, le 2e léger, l’autre bataillon du 17e ; au sommet des pentes qui descendent de Sidi-Mabrouk au Bou-Merzoug, le 3e chasseurs d’Afrique et les spahis.

Le 7, dès le point du jour, le gouverneur, le duc de Nemours, nommé de la veille commandant du siège, et le général Valée, visitèrent