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VII.

C’était au général de Damrémont qu’appartenait dès lors le commandement en chef de l’expédition de Constantine. Avant de lui donner la liberté d’agir, le comte Molé, président du conseil, et le roi lui-même, jugèrent utile de lui tracer nettement la limite de son action : «Dans un dernier conseil où j’ai voulu que les préparatifs de l’expédition fussent examinés dans les moindres détails, conseil auquel le général Valée a assisté, disait le comte Molé dans une dépêche du 3 septembre, il a été reconnu que les préparatifs pouvaient être plus complets, offrir plus de garanties. A l’instant même et sur la table du conseil, les ordres ont été expédiés en conséquence ; en chevaux, en munitions de guerre, en vivres, en artillerie, en combattans, vous aurez plus, beaucoup plus, que vous n’aviez demandé. L’artillerie et le génie seront dirigés, l’une par l’officier général de cette arme le plus éprouvé (le général Valée], l’autre par un des officiers les plus distingués qui lui appartiennent [le général Rohault de Fleury]. Vous comprendrez que l’ancienneté du général Valée l’ait fait attacher à la personne du prince (le duc de Nemours] plutôt que placer sous vos ordres. Votre excellent esprit vous fera tirer le plus de parti possible de la présence et du concours d’un officier général aussi distingué, et vous remettrez entre ses mains la direction du service de l’artillerie, bien sûr que vous serez des bons rapports qui ne peuvent manquer de s’établir entre deux généraux tels que vous et le général Valée. Il faut avant tout, par-dessus tout et par tous les moyens réussir; mais comprenez bien ce que le roi et son gouvernement appelleront ici le succès : la paix et jusqu’au dernier moment plutôt que la guerre. Dégagez-vous des influences militaires qui vous entoureront ; bravez l’ardeur guerrière, et si Achmet renouvelle ses propositions pendant que vous serez en marche ou devant la place, acceptez-les telles qu’elles avaient été arrêtées entre vous et lui, telles que vous me les avez adressées. Négociez toutefois sans vous arrêter, sans ralentir les opérations du siège, sans tirer un coup de canon de moins. La signature et l’échange des ratifications doivent seules vous faire cesser l’emploi de la force. J’espère encore qu’Achmet traitera ; ne lui demandez rien de plus que ce dont vous vous étiez déjà contenté, et si, au contraire, il épuise la résistance, s’il vous force à prendre Constantine, que le souvenir de nos armes en reste une fois de plus terrible. De nouvelles instructions vous seront envoyées pour cette hypothèse. Il est assez embarrassant de nous bien retirer de cette ville après y être entrés. D’abord vous devrez y laisser une garnison suffisante, assurer peut-être par des points intermédiaires les communications avec Ghelma. — Je ne