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demi-escadron de chasseurs et deux obusiers de montagne, commandés par le lieutenant d’artillerie Bosquet.

Le 25 mai, dès la pointe du jour, plusieurs milliers de Kabyles, soutenus par trois ou quatre cents cavaliers, couronnèrent en masse les hauteurs de la rive droite. La redoute n’était qu’ébauchée; derrière les parapets rudimentaires, le colonel plaça les obusiers sous la protection de deux compagnies d’infanterie; les prolonges du génie furent parquées en arrière; à gauche et au-dessous de la redoute, il y avait un village arabe précédé à quelque distance d’un groupe de masures en ruines. Le village fut occupé, mais non les ruines. Le demi-escadron de chasseurs, appuyé par deux compagnies, tenait la droite de la ligne de bataille, dont le front d’un bout à l’autre était couvert par des tirailleurs. La fusillade commença bientôt, très vive. L’ennemi, cinq ou six fois supérieur en nombre, s’efforçait de tourner la position, tandis que ses plus adroits tireurs s’embusquaient dans les ruines. Arrêtée dans son mouvement tournant par le feu de l’artillerie et la charge en haie des chasseurs, la cavalerie arabe fut la première à se retirer du combat; mais les fantassins tenaient ferme; un moment même, ils crurent emporter la victoire. Sur une sonnerie mal exécutée ou mal comprise, les compagnies extrêmes de droite et de gauche se mirent en retraite, de sorte que le centre se trouva débordé tout à coup et compromis. Heureusement l’erreur fut bientôt reconnue et le désordre qui en avait été la conséquence promptement réparé; les officiers enlevèrent leurs troupes; une charge à la baïonnette sur toute la ligne reconquit le terrain perdu; le village évacué fut repris, l’ennemi culbuté hors des ruines. Une batterie de tambours qui annonçait l’approche d’un renfort acheva de lui faire perdre courage; c’était une compagnie du 48e qui, de Haouch-Regaïa où elle était cantonnée, avait marché au canon. Un peu plus tard arrivait d’Alger, où l’insurrection avait été dénoncée par des indigènes, une forte colonne conduite par le général Perregaux. L’ennemi, en se retirant à la hâte, avait laissé sur le champ de bataille plus de cent cadavres. Du côté des Français, la perte était de huit tués et de soixante-cinq blessés.

Le lendemain de ce mémorable combat, les troupes françaises reprirent l’offensive. Le général Perregaux, par le col des Beni-Aïcha, le colonel de Schauenbourg, par Chreub-ou-Heureub, descendirent dans la plaine des Isser ; le 28, après avoir passé la rivière, ils attaquèrent le Djebel-Dreuh, où Ben-Zamoun avait concentré la défense, et l’emportèrent par un vigoureux assaut. Dans la nuit, une députation de cheiks et de marabouts vint implorer la clémence du vainqueur et solliciter l’aman. « Que la main fermée qui tient le glaive s’ouvre pour laisser tomber la grâce, » disaient-ils