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TITIEN
ET
LES PRINCES DE SON TEMPS

I. Marchese Campori, Tiziano e gli Estensi. — II. Ronchini, Delle relazioni di Tiziano coi Farnesi. — III. Cavalcaselle e Crowe, Tiziano, la sua vita e i suoi tempi.

L’étude des relations des artistes avec les amateurs sera toujours l’un des chapitres les plus instructifs et les plus amusans de l’histoire de l’art. Non-seulement on y suit, de près, cette influence fatale du goût des protecteurs sur l’inspiration des producteurs, mais on y voit à plein se développer le caractère personnel des uns et des autres dans une situation délicate où leurs intérêts sont engagés en même temps que leurs amours-propres. Il est fâcheux que, trop souvent, on ait apporté, dans cette étude, des préjugés de caste ou des besoins de théories qui faussaient la vision des réalités. L’amour des formules absolues est aussi dangereux là qu’ailleurs. Tous les protecteurs des artistes n’ont pas été des Mécènes désintéressés et infaillibles, comme la littérature officielle des siècles derniers faisait profession de l’enseigner ; tous n’ont pas été des despotes imbéciles et capricieux comme la légende romantique s’amusait à le croire. Tous les grands artistes n’ont pas été, non plus, ainsi qu’on aime trop à se l’imaginer, des êtres exceptionnels, tantôt absolument parfaits et tantôt absolument pervers.

Depuis qu’on regarde le passé avec plus de sang-froid, on s’aperçoit que les artistes, comme les autres hommes, ne sont ni anges,