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gagna les actions de nos grandes compagnies de chemins de fer et d’un certain nombre de valeurs industrielles. Les rentes étrangères et les valeurs internationales furent emportées par le même élan, et les fonds français unirent par s’ébranler à leur tour. On atteignit ainsi le maximum de l’amélioration à la fin de la semaine dernière. Le dimanche eurent lieu les élections en Bulgarie. La lecture des dépêches sur les incidens qui avaient marqué cette journée, sur le triomphe des régens et l’insuccès complet de la mission du général Kaulbars, inspirèrent aux spéculateurs d’assez sombres réflexions, et mardi il s’opéra une retraite sur toute la ligne, retraite en bon ordre, commandée par la faiblesse des places étrangères, et notamment par une baisse assez vive sur les fonds russes à Berlin, mais retraite à laquelle les acheteurs pris en écharpe ne se résignèrent qu’avec une certaine peine.

Dès le lendemain, le marché s’est raffermi, et, bien qu’une bonne partie de l’avance prise dans les dix premiers jours ait été reperdue, les cours restent en général plus élevés qu’au commencement du mois. Afin de faciliter l’examen rapide des mouvemens de cours qui se sont produits pendant cette quinzaine, nous donnons ci-dessous, pour les rentes françaises et les fonds étrangers, les cours de compensation de fin septembre, les plus hauts prix atteints, et ceux de la clôture d’hier s


Fonds français. — 3 0/0 : 82.45, 83.05, 82.60. — Emprunt : 82.00, 83.17, 82.70. — Amortissable : 84.85, 85.55, 85.20. — 4 1/2 : 110.05, 110.70, 110.40.


Fonds étrangers. — Hongrois 4 0/0 : 85, 86, 84 7/8. — Italien : 100.95, 101.70, 100.85. - Unifiée : 385, 387, 382. — Extérieure : 62.50 (ex-coupon), 63 3/4, 63 3/8. — Russe 1873 : 99, 98 1/2. — Turc : 14, 13.82. — Portugais : 51 3/4, 52 3/4.

Le défaut de place ne nous permet pas d’établir une comparaison analogue pour les valeurs. Mais ou peut voir, par un coup d’œil rapide jeté sur les cotes de la quinzaine, quel changement considérable s’était opéré en huit jours sur ce groupe de valeurs dont la plupart étaient depuis des mois, presque des années, immobilisées à des cours stéréotypés. Pourquoi, après une si longue torpeur, une agitation aussi extraordinaire ? Assurément, ce n’est pas le public de l’épargne, celui qui, constamment, absorbe tout ce qui se présente en rentes françaises, on obligations de chemins de fer ou du Crédit foncier, même en fonds ou obligations exotiques, pourvu que le placement offre quelque garantie et un revenu fixe ; ce n’est pas ce public, qui, subitement converti et repris de son ancien engouement pour les valeurs aléatoires, s’est jeté ainsi sur les titres des banques. Il faut bien reconnaître que c’est un mouvement de pure spéculation. Quelques symptômes d’une reprise sérieuse d’affaires s’étant produits le mois dernier, l’occasion a paru propice pour réveiller l’attention