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de quatre crochets, se trouvent rivés mutuellement grâce à l’amarrage réciproque de deux crocs, et le système se trouve, en effet, ne plus disposer que de six crochets, c’est-à-dire, en repassant du concret à l’abstrait, que seules six valences restent libres. La quadrivalence de l’aluminium ainsi établie entraîne celle du fer, du chrome, du manganèse, dont plusieurs des composés ne diffèrent presque pas des sels aluminiques correspondans, surtout au point de vue cristal le graphique. Faut-il pour cela retrancher absolument de la section des corps bivalens ces métaux qui, par certaines combinaisons d’un autre ordre, rappellent le cuivre ou le magnésium ? En réalité, le double atome sexvalent du fer, par cela même qu’il est aussi apte que l’atome unique bivalent à se déplacer sans altération d’une molécule saline à une autre, constitue un véritable corps simple sui generis, distinct du fer proprement dit[1].

Cette faculté de s’unir à lui-même, tout en conservant quelques valences disponibles, le carbone la possède au suprême degré ; de là vient la variété presque infinie des dérivés organiques, naturels ou artificiels, puisqu’on voit les atomes de carbone se river par une chaîne invisible, non-seulement deux à deux, mais trois à trois, quatre à quatre, jusqu’à dix à dix et peut-être encore davantage. À un chimiste allemand, M. Kekulé, revient l’honneur d’avoir le premier développé cette théorie si féconde, ce vrai fil d’Ariane conducteur au milieu d’une complication inextricable. Les silicates naturels sont très nombreux parce que le silicium se comporte comme le carbone, bien que ses tendances de soudure soient moins exagérées et, jusque dans les dérivés de l’étain, on retrouve cette même propriété considérablement affaiblie. En définitive, du carbone au silicium, de ce dernier au titane et à l’étain, de celui-ci au platine, du platine au fer et finalement du fer à l’aluminium, les transformations ne sont pas brusques, mais les termes extrêmes sont fort dissemblables, d’où ressort la difficulté qu’éprouvent les chimistes à tracer entre les diverses tribus des frontières nettement accusées.


IV.

Ce n’est pas seulement sur les analogies des caractères physiques ou des aptitudes chimiques des corps simples ou de leurs dérivés, ce n’est pas seulement sur l’identité des propriétés attractives

  1. L’atome simple a reçu dans la science moderne le nom de ferrosum, l’atome double celui de ferricum. La proportion relative des deux élémens ferrosum et ferricum dans les fers, fontes et aciers, influerait, dit-on, sur les propriétés de ces matières.