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LOUIS RIEL
ET
L’INSURRECTION CANADIENNE


Le 23 mars 1885, sir John Mac-Donald, premier ministre, annonçait au parlement canadien, réuni à Ottawa, qu’une insurrection venait d’éclater dans le territoire du nord-ouest. Six cents demi-blancs et un certain nombre d’Indiens, sous les ordres de Louis Riel, avaient pris les armes, déclarant qu’ils ne les déposeraient que quand le gouvernement aurait fait droit à leurs justes réclamations. Campés à Prince-Albert, ils menaçaient le fort Carlton ; maîtres des stations télégraphiques, ils avaient coupé les communications entre le Manitoba et la capitale. Sir John Mac-Donald ajoutait qu’il avait donné ordre de concentrer sur Carlton les brigades de police à cheval et d’expédier en hâte de Winnipeg le 90e bataillon de carabiniers et une batterie d’artillerie. En outre, le major-général Middleton se préparait à partir, avec des renforts, pour arrêter les progrès de l’insurrection.

L’émotion fut vive dans le parlement et non moins vive dans tout le Canada. Depuis longtemps, on redoutait un soulèvement des demi-blancs, Canadiens d’origine française, profondément irrités du peu de cas que le gouvernement faisait de leurs incessantes réclamations. En 1869, le Canada avait obtenu la cession, à prit d’argent, par la Compagnie de la baie d’Hudson, des immenses territoires du nord-ouest. Les demi-blancs, qui, antérieurement à cette cession, s’étaient établis sur une partie de ces territoires, l’avaient fait conformément aux coutumes locales et en vertu du