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lave à monter au cratère de l’Etna, à plus de 3,000 mètres au-dessus de la mer, ne peut être inférieure à 1,000 atmosphères.

Or toutes les conditions nécessaires pour arriver à de telles tensions ne doivent manquer de se réaliser dans l’écorce terrestre, à une certaine profondeur, en dehors du domaine des volcans proprement dits, et principalement sous les chaînes de montagnes et les régions disloquées.

En effet, d’une part, quelle que soit la constitution du sol, la température s’y accroît à mesure qu’on descend plus bas. Ce fait indiscutable a été reconnu dans toutes les parties du globe, au moyen des travaux de mines ou de forages. C’est un reste de la chaleur que notre planète a originairement possédée, suivant la grande conception émanée du génie de Descartes. Le taux d’accroissement, qui est en moyenne de 1 degré par 30 mètres, est parfois plus rapide, même en dehors des contrées volcaniques, ainsi qu’on l’a reconnu, par exemple, à Monte Massi, en Toscane.

D’autre part, l’eau tend à descendre sans cesse, par les actions conjointes de la pesanteur et de la capillarité. Les volcans en apportent la preuve irréfutable. En ce qui concerne l’intervention de la capillarité pour l’alimentation en eau des masses profondes, j’ai montré par une expérience qu’à travers les pores de certaines roches, sa simple action force l’eau à pénétrer, malgré les contre-pressions intérieures très fortes, des régions superficielles et froides du globe jusqu’aux régions profondes et chaudes, où, à raison de la température, elle devient capable de produire de grands effets mécaniques et chimiques.

En somme, il est difficile de douter que des eaux de la surface ne parviennent jusqu’aux régions internes et qu’ensuite elles ne nous fassent ressentir sur quelques points, par des ébranlemens et par des mugissemens, la puissance et la force explosive qu’elles y acquièrent.

La profondeur à laquelle doit se trouver le foyer d’origine des tremblemens de terre a été l’objet d’études attentives. D’après les résultats obtenus, il faut reconnaître que ce siège n’est pas situé dans les parties centrales du globe. C’est d’ailleurs à cette conclusion que l’on est tout d’abord conduit, quand il s’agit de tremblemens violens comme ceux de la Calabre, qui n’occupent à la surface que, des places très restreintes. Dans le domaine des volcans, comme à Ischia, cette profondeur a été estimée de 9 à 15 kilomètres. Pour les pays non volcaniques, tels que l’Allemagne, elle a été évaluée dans divers cas à 18, 27 et 38 kilomètres. Cette distance qui est faible, relativement à la grandeur du rayon terrestre, suffit cependant pour qu’en vertu de la loi d’accroissement normal, d’environ 3 degrés par 100 mètres, la température du rouge y règne déjà.