Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 59.djvu/458

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que nos gouvernans y réfléchissent. Puissent-ils comprendre ces signes des temps, dont s’effraient avec tant de raisons ceux qui, voyageant loin de France, voient son isolement au milieu de toutes les nations qui la jalousent et attendent leur heure en s’y préparant ?

Dans une étude que les lecteurs de la Revue n’ont pas oubliée et dont la méditation s’impose à tous ceux que préoccupe l’avenir de notre pays, un écrivain autorisé exposait ici même les difficultés que des intérêts complexes opposent au maintien nécessaire de notre politique traditionnelle dans le Levant, de cette politique qu’il résume en deux mots : le protectorat catholique[1] ; il a fait plus : avec une sûreté de vue qui n’a d’égale que l’indépendance philosophique de sa pensée, il a indiqué les mesures qui peuvent résoudre ces difficultés en conciliant, sans les sacrifier les uns aux autres, ces intérêts en apparence antagonistes. Cette étude a été notre guide le plus sûr pendant notre rapide excursion dans le Levant ; partout nous avons constaté l’impression profonde que tous, amis et ennemis en ont ressentie : espérance et consolation pour les uns, — dépit mal déguisé pour les autres. Dès lors, et pour conclure les longues considérations où nous sommes entré nous-même, il nous sera permis d’exprimer un vœu en harmonie d’ailleurs avec les sentimens qui nous les ont dictées : celui de voir tous ceux qui, à un titre quelconque, pèsent sur les destinées de notre patrie, unir leurs efforts pour réaliser les mesures que cette étude magistrale signale à leur patriotisme.


  1. Voyez dans la Revue du 15 septembre 1882, la République et les intérêts français en Orient, par M. Gabriel Charmes.