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UNE
NOUVELLE HISTOIRE
DE L'ART ANTIQUE

Nous n’avions pas jusqu’ici une histoire complète de l’art antique. Le manuel d’Ottfried Müller, quel qu’en soit le mérite, n’embrasse qu’une partie du sujet ; d’ailleurs, depuis cinquante ans qu’il a paru, la science, sur bien des points s’est renouvelée. On a déchiffré des langues ignorées, retrouvé des civilisations perdues, et dans le domaine même de l’art classique, que nos devanciers croyaient si bien connaître, les voyages et les fouilles, les hasards heureux, les recherches obstinées ont amené, une foule de découvertes inattendues. Les matériaux se sont entassés en si grand nombre qu’on n’est plus embarrassé que de leur abondance même. La difficulté de réunir tant de détails confus et d’en former un ensemble est si grande que l’Allemagne elle-même semblait avoir reculé devant elle ; elle n’a pourtant pas arrêté M. Perrot, et il a courageusement entrepris de nous donner une histoire de l’art dans l’antiquité. L’œuvre est en train, et voici le premier volume achevé.

La façon dont M. Perrot a conçu son ouvrage l’exposait dès le premier pas à un grand danger : il courait le risque de tromper l’attente du public. Quand il est question de l’art antique, tout le monde songe d’abord à la Grèce ; on a tout aussitôt devant les yeux le Parthénon et les Propylées, et l’on est pressé d’entendre parler d’Ictinos et de Phidias. Or M. Perrot est décidé à ne pas nous en parler tout de suite. La Grèce est bien le centre de son travail, et je crois qu’il a plus de hâte encore que ses lecteurs d’y arriver ; mais il n’est pas disposé à