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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La politique a fait irruption sur le marché pendant la seconde quinzaine de janvier et y a causé une violente panique dont il paraît encore mal remis, malgré l’amélioration survenue depuis deux ou trois jours. Pour en bien comprendre les effets, il faut se reporter aux cours que présentait la cote des rentes et des valeurs immédiatement avant ces événemens.

Le 3 pour 100 se tenait au-dessus du cours rond de 79 francs et l’amortissable était coté 80 fr. 45 ; il y avait donc eu plutôt progrès sur les rentes 3 pour 100 depuis la liquidation de fin décembre, puisque nous trouvons à cette date comme cours de compensation 79. 60 sur le 3 pour 100 et 80. 20 sur l’amortissable. Le 5 pour 100 avait en même temps dépassé assez vivement le dernier cours de compensation et atteint même un moment 116 francs. Il est vrai qu’il commençait à redescendre, mais le cours de 115 francs paraissait de voir en tout cas d’autant plus aisément se maintenir que la proximité du détachement d’un coupon trimestriel de 1 fr. 25 donnait aux acheteurs une arme précieuse contre toutes entreprises du parti de la baisse.

La Banque de France se tenait entre 5,300 et 5,400. Le Crédit foncier, qui venait d’annoncer officiellement son émission d’obligations pour le 25 janvier, oscillait de 1,300 à 1,330. Le Chemin de fer du Midi valait 1,100 francs, le Nord 1,840, le Lyon 1,540, l’Orléans 1,245. Ces cours étaient déjà inférieurs à ceux de la dernière liquidation et représentaient une réaction variant de près de 100 francs sur le Midi, à 20 francs sur l’Orléans. Le Suez était compensé à la liquidation de quinzaine au cours de 2,260 francs qui paraissait tenir suffisamment compte de la déception que faisait subir à la spéculation engagée sur cette valeur une diminution assez importante des recettes du canal pendant la première partie du mois.

Le Gaz était compensé à 1,540, l’Omnibus à 1,460. Sur les titres des institutions de crédit, les transactions avaient été très peu actives depuis le commencement du mois et les cours s’étaient à peu près maintenus.

Lorsque la panique a éclaté, elle n’a pour ainsi dire épargné que certaines valeurs qui avaient été déjà fortement éprouvées, et les obligations de chemins de fer ont été même atteintes dans une légère