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conduit avec les plus grandes précautions, permet enfin d’atteindre le tenue de l’expérience. On laisse refroidir le culot et on le traite par l’eau bouillante qui dissout l’acide tungstique. Il reste alors des cristaux délicats d’orthose ou d’albite, suivant que l’on a pris pour base la potasse ou la soude,

La reproduction du principal minéral des laves du Vésuve, la leucite, s’effectue dans des conditions analogues. Le tondant employé est le vanadate de potasse. L’acide vanadique remplit ici la même fonction que l’acide tungstique dans l’épreuve précédente. La température doit être maintenue pendant vingt-cinq jours entre 800 et 900 degrés avec de légères variations. Peu à peu, il se fait des cristaux de leucite, qui grossissent, tout en demeurant accolés les uns aux autres, et qui, après les rivage à l’eau bouillante, se montrent en groupes ramifiés adhérens aux parois du creuset. La leucite naturelle possède des propriétés optiques singulières, dont l’interprétation a donné lieu à bien des discussions entre les minéralogistes et à des hypothèses diverses. Le produit artificiel les possède également. Elles prouveraient à elles seules que les formes du minéral doivent être rattachées, non à la symétrie cubique, comme on le croyait autrefois, mais au système du prisme droit à base carrée; cependant, M. Hautefeuille a su accentuer encore la démonstration en faisant naître une leucite ferrifère dont les propriétés optiques sont encore plus prononcées que celles de la leucite normale, de telle sorte que la solution du problème s’est montrée avec toute l’évidence possible.

On doit encore au même savant la solution d’une autre question non moins intéressante. Les travaux de Sénarmont, dont nous avons rendu compte, avaient montré que la silice peut être obtenue à l’état cristallisé par voie humide, mais on se demandait, après cela, si l’intervention de la voie sèche devait être considérée comme absolument inefficace pour atteindre le même but. A la vérité, la tridymite, variété de silice cristallisée, avait été observée dans les cavités des roches volcaniques, mais de fortes raisons portaient à admettre que, même dans ce cas, la vapeur d’eau avait exercé son action; on ignorait donc si la tridymite pouvait prendre naissance au sein d’un magma de matière fondue. A plus forte raison, on doutait de la possibilité d’obtenir du quartz par voie sèche. Sans se laisser décourager par ces données peu rassurantes, M. Hautefeuille entreprit de réaliser le résultat contesté. Il fit dissoudre de la silice en poudre dans certains sels alcalins fondus et maintint le chauffage à haute température pendant plusieurs semaines. Au-dessus de la température de fusion de l’argent, la silice disparaissait pour faire partie d’un silicate; de 1,000 à