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LA MARQUISE



troisième partie[1]



VIII.

Heureusement, M. de Morère ne perdit pas la tête. Il courut à la cascade, remplit son chapeau d’eau fraîche, et retourna vite auprès de Diane, dont il mouilla le front et les tempes. Elle se servait habituellement d’un flacon de sels ; il le chercha dans la poche de la jeune femme. En le respirant, elle poussa de nouveau un soupir faible. Les pommettes du visage rougirent, un frisson court l’agita, enfin elle reprit connaissance. D’abord, elle promena les yeux autour d’elle, des yeux sans regard et sans expression. Puis, le sentiment de la réalité lui revenant, elle se rappela la fatale découverte ; elle se jeta dans les bras de son beau-père en fondant en larmes.

L’inquiétude de M. de Morère augmentait. Était-ce un commencement de maladie ? Que signifiait cet accès de désespoir après un évanouissement? Il saisit Diane entre ses bras et la transporta au château. Ensuite, appelant une femme de chambre, il lui ordonna de déshabiller la marquise et de la coucher.

Un quart d’heure après, Anne-Marie, prévenue, se hâtait de rejoindre son amie.

— Grand Dieu ! Qu’as-tu ? s’écria Mme Kersaint, épouvantée par le visage décomposé de Diane.

— Rien... rien...

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 avril.