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il se décide à l’action, mais il hésite sur la manière d’opérer et même sur l’importance à donner à l’affaire qui doit s’engager; il agit avec une diplomatie où l’on ne découvre ni fermeté, ni hauteur de vues. Le ministre des colonies, marquis de Normanby, écrivant le 1er juillet aux lords de l’amirauté, annonce qu’on veut obtenir des chefs insulaires, en faveur de la couronne, la cession de certaines parties de la Nouvelle-Zélande à titre de dépendance de la Nouvelle-Galles du Sud ; que M. Hobson sera investi de la charge de lieutenant-gouverneur[1]. Dans les instructions transmises au capitaine Hobson, formulées à la date du 14 août, le ministre insiste sur les motifs qui ont amené la résolution de recourir à des mesures capables d’assurer dans le pays le règne de l’autorité : le nombre déjà considérable d’Anglais fixés dans les îles, la formation d’une société pour l’expédition d’émigrans, le caractère bas et vil d’une partie de la population européenne dont on ne cesse de redouter les désordres. « Nous reconnaissons, ajoute le ministre, comme état indépendant, la Nouvelle-Zélande autant qu’on peut reconnaître la souveraineté d’un peuple composé de tribus éparses, incapables d’agir et de délibérer de concert. La reine, ainsi que la nation anglaise, repousse toute prétention de s’emparer de la Nouvelle-Zélande et de la gouverner comme pays de la domination de la Grande-Bretagne, à moins du consentement libre et intelligent des naturels, exprimé selon leurs usages. Le gouvernement de la reine vous autorise à traiter avec les aborigènes pour la reconnaissance de l’autorité de Sa Majesté sur la totalité ou sur quelque partie de la Nouvelle-Zélande. »

Le 29 janvier 1840 arrive à la baie des lies la corvette le Herald, et l’on en voit aussitôt débarquer à Kororarika le capitaine de vaisseau William Hobson, entouré de quelques fonctionnaires de l’ordre administratif et suivi de quatre-vingts soldats. Dès le lendemain, l’officier anglais convoque les habitans européens pour leur déclarer l’objet de sa mission. Ses propres compatriotes ayant refusé de lui fournir un terrain pour s’y établir, il s’installe sur le domaine des pasteurs évangéliques, et la réunion se tient dans la chapelle. Anglais, Français, Américains, Maoris accourent, curieux d’entendre la parole de l’homme qu’on dit envoyé pour ouvrir l’ère de bonheur de la Nouvelle-Zélande. M. Hobson lit à l’assemblée les actes rédigés au nom de la reine d’Angleterre. En vertu de ces actes, il est investi de la qualité de lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Zélande, désormais rattachée à la colonie de la Nouvelle-Galles du Sud. Il communique ensuite divers documens administratifs. Toujours au nom de la reine, était prononcée l’interdiction d’acheter

  1. Parliamentary Papers, 1840.