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jusqu’à 15 comètes dont les plans se rencontrent suivant une seule et même ligne qui passe par le centre du soleil, et le découpent en tranches, comme un melon, ou comme les méridiens divers passant tous par la ligne des pôles découpent la sphère terrestre. Ces comètes sont considérées comme appartenant à une même famille et formant un premier système. Leur intersection commune, qu’on peut appeler leur axe polaire, étant prolongée, aboutit à une constellation, à un point de la voûte céleste qui est leur point radiant.

Après un premier système, on en trouve un second, puis un troisième et ainsi, jusqu’à sept, caractérisés par des lignes polaires et des points radians distincts. Mais on n’en trouve que sept. Ainsi toutes les comètes connues se résument en sept familles. On remarquera que, jusqu’à présent, cette classification n’a rien d’hypothétique et ne fait que consacrer un fait d’observation indiscutable ; mais il est clair que ce n’est point par hasard qu’il y a des classes de comètes ayant chacune leur point radiant particulier, que cela révèle une communauté d’origine, et que tout s’expliquerait si chaque famille était venue de son point radiant.

Supposons, en effet, qu’une nébuleuse unique, de grande étendue, venant de ce point radiant avec une vitesse cosmique, ait rencontré et couvert le soleil ; les parties qui auraient touché sa surface auraient été absorbées par lui et celles qui l’auraient débordé de divers côtés auraient formé autour de lui des anneaux cométaires dans des plans différens, et, suivant qu’ils auraient passé plus ou moins près de lui, auraient parcouru des orbites de toutes formes, depuis des hyperboles jusqu’à des ellipses plus ou moins courtes ; mais tous ces anneaux auraient gardé ce caractère commun que leurs orbites continueraient de se couper suivant leur direction primitive, suivant l’axe polaire qui joint le centre du soleil au point radiant. Il suffit donc que sept nébuleuses venues à sept époques différentes, de sept points radians distincts, aient passé près du soleil pour avoir formé toutes les comètes que M. Hoek a réunies dans ses systèmes ; et, si cette hypothèse est vraie, on peut en déduire une conséquence propre à la vérifier. En remontant le cours des âges, en cherchant la distance au soleil des diverses comètes d’un même système, à des époques reculées, on devra trouver qu’elle est la même parce que c’est la moyenne distance de cet astre à la nébuleuse primitive. Or, c’est précisément ce que M. Hoek a trouvé ; ainsi les distances au soleil de trois comètes d’une même famille étaient, en 757, égales à 600, _ 600,4, — 600,2. On en peut conclure qu’à cette date elles étaient réunies en une masse unique, mais qu’elles ont été séparées depuis en trois parties qui ont suivi des routes distinctes comme les fragmens de la comète de Biela.