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de France dans ses démarches près du saint-siège, elle dut préparer de nouveaux moyens de défense et invoquer plus que jamais l’appui du souverain. Elle sollicita l’autorisation de faire publier l’encyclique dans tous les diocèses, et elle rédigea à cette fin un mémoire qui fut présenté au roi avec demande d’une prompte réponse. Louis XV s’effraya d’abord d’une publication qui ne pouvait qu’entraîner des représailles de la part du parlement. Il en allégua d’abord l’inopportunité. Elle exigeait, disait-il, des précautions qui étaient nécessaires même pour en assurer le succès. Il ajourna la réponse définitive et engagea l’assemblée à travailler en attendant avec confiance à ses autres affaires. Pressé par l’assemblée, il finit par accéder à la demande ; il donna son autorisation le 25 juillet 1765, laissant à la prudence du clergé le soin de veiller à ce que cette publication ne devint point une occasion de troubles. Mais les appréhensions de Louis XV n’étaient que trop fondées, et cette sorte de promulgation suscita une nouvelle tempête et accrut le désordre au lieu de le faire cesser.

Les assemblées du clergé avaient déjà plusieurs fois pris le rôle d’un synode national. Celle de 1765 affecta, comme celle de 1682, plus particulièrement un tel caractère. En l’absence de conciles nationaux et provinciaux dont ils devaient durant le cours de la session réclamer le rétablissement, les députés étaient résolus à rendre des décisions ayant le caractère de véritables décrets canoniques. La publication du bref de Benoît XIV leur en fournissait une occasion toute naturelle. C’était là, suivant eux, le moyen de fermer la bouche aux parlemens, qui voulaient réduire leur rôle à voter des décimes et des dons gratuits, et à régler quelques affaires litigieuses relatives au temporel. L’assemblée ne comprenait-elle pas les représentans de l’épiscopat et le droit d’enseigner ne suivait-il pas les évêques partout où ils se trouvaient ? N’avaient-ils pas le devoir de témoigner de la vérité partout où ils étaient réunis ? Ce motif, que l’assemblée fit valoir avec force, était invoqué par les députés du premier ordre, arrivés à Paris tout pleins de zèle pour la foi et plus indignés que jamais de la conduite du parlement à leur égard. Il y avait parmi eux des hommes éminens par leur science, appartenant aux meilleures familles du royaume et qui ajoutaient à l’autorité de leur parole l’illustration de leur nom : un La Roche-Aymon, archevêque de Reims, un Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse, un Jumilhac, archevêque d’Arles, un Juigné, évêque de Châlons, un Bausset, évêque de Béziers, un Bertrand Duguesclin, évêque de Castres, un Caritat de Condorcet, évêque de Lisieux, un Martin du Bellay, évêque de Fréjus, un Duplessis d’Argentré, évêque de Limoges, un Lezay-Marnesia,