Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ans d’existence, elle n’a cessé de perfectionner son enseignement et les conditions de son régime intérieur; le nombre de ses élèves, qui était de cent quarante dès la première année, est aujourd’hui de cinq cent cinquante, et on l’a vu augmenter ainsi sans que l’École eût à offrir à ses élèves aucune autre promesse d’avenir que celle qui résulte d’une sérieuse et solide instruction : preuve certaine qu’elle répondait à un besoin public. Ses fondateurs avaient en vue de fournir à la France les ingénieurs civils qui lui manquaient; laissant à l’École polytechnique le privilège d’être une pépinière de savans, l’École centrale devait tenter de devenir à son tour, selon le mot de M. Perdonnet, une Sorbonne industrielle, chargée de former des agens et des directeurs de la production française. Ce but a été pleinement atteint, et l’exposition universelle de 1878 en a fourni une preuve nouvelle par les distinctions de tout genre qui sont venues récompenser les efforts des ingénieurs sortis de l’École centrale. La situation scientifique, la situation morale de l’École est donc bonne; elle a pris depuis longtemps dans l’estime publique la place qui lui était due, et le succès toujours croissant de son enseignement a inspiré à l’étranger la création d’une série d’établissemens analogues auxquels l’École centrale de Paris a servi de modèle. Il n’en est pas moins vrai que la situation matérielle de l’École réclame aujourd’hui toute la sollicitude du gouvernement; s’il y a lieu d’être satisfait du passé, il faut maintenant se préoccuper de l’avenir. Comme le disait, il y a cinq ans, le directeur actuel, M. le colonel Solignac, dans une lettre adressée au ministre de l’agriculture et du commerce, « l’École centrale conserve encore la trace profonde de son origine dans sa condition éphémère d’installation matérielle; l’hôtel qu’elle occupe ne lui appartient pas, elle y est toujours à titre de locataire, et elle ne peut pas encore se livrer à des travaux d’organisation d’un caractère définitif. » Les conséquences de cette situation précaire se font sentir depuis longtemps : les services souffrent, l’École étouffe; il est impossible de songer à augmenter le nombre des élèves, à l’exemple des grands établissemens qui ont pris notre École centrale pour type et qui, pour la plupart, disposent de ressources très supérieures. Il s’agit maintenant de ne pas nous laisser dépasser par les rivaux auxquels nous avons indiqué et ouvert la voie; et à mesure que l’École approche de la fin de son bail, il devient urgent de prendre un parti concernant son installation définitive.

Dans ces circonstances, on a pensé que le moment était venu d’appeler sur l’École centrale l’attention du public éclairé, en racontant ses origines, en montrant les services qu’elle a rendus, et ceux plus grands encore qu’elle peut rendre, s’il lui est donné d’achever son évolution. Peu de personnes étaient, comme M. Charles de Comberousse, à même d’accomplir cette tâche. Ancien élève de l’École, aujourd’hui membre