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dans les tentatives faites pour obtenir des associations cristallines, comme celles qui constituent les roches. Et néanmoins il était certain que la nature opérait simplement ; la facilité des cristallisations qu’elle effectue sur une immense échelle contrastait avec les pénibles efforts des chercheurs. Il a suffi de quelques observations microscopiques bien dirigées pour mettre sur la voie de la solution du problème. Quand le mode de développement des cristallisations naturelles a été bien connu, leur reproduction artificielle n’a plus été qu’un jeu, et alors les chétifs fourneaux d’un laboratoire ont fourni des roches à éléments cristallins identiques à celles qui s’élaborent dans les immenses foyers souterrains du Vésuve et de l’Etna.

Enfin, pour terminer l’énumération des principaux services que le microscope rend à l’étude du monde inorganique, j’ajouterai qu’en donnant à la science des roches cristallines une base certaine, il a immédiatement doublé le champ dans lequel la géologie peut étendre ses conquêtes. Naguère on savait vaguement qu’il existe des relations entre la nature des produits éruptifs et leur âge, mais combien cette notion n’est-elle pas aujourd’hui plus précise ! La composition minéralogique et la structure des roches cristallines ont considérablement varié depuis le commencement des temps géologiques ; des types divers se sont successivement produits. A mesure que le magma souterrain, qui donne naissance aux produits éruptifs, subissait des changemens dans sa composition chimique par le fait même des cristallisations qui s’opéraient dans son sein, les matières rejetées au dehors éprouvaient des modifications correspondantes. D’ailleurs la matière du foyer souterrain n’est pas homogène ; avec le temps, le point de départ des éruptions s’est fait à des profondeurs de plus en plus grandes ; par suite il en est nécessairement résulté des changemens dans la nature des roches cristallines engendrées. En outre, toute éruption est accompagnée d’un dégagement abondant de substances volatiles, dont l’influence sur la structure et la composition des matières épanchées est des plus manifestes. Or rien de plus certain que le fait de la variation énorme qu’ont éprouvée ces émanations dans le cours des siècles, aussi bien au point de vue de la quantité que sous le rapport de la composition chimique. On comprend donc les variations qui s’observent dans la nature des matières cristallines venues des profondeurs du sol et le lieu qui doit unir la nature minéralogique d’une roche avec son âge géologique. La continuité et l’étroitesse de ce lien seront d’autant plus visibles que les études de pétrologie micrographique s’étendront davantage. Dès maintenant, grâce à ces recherches, on en découvre nettement quelques, parties. Les