Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 33.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceux du comité central étaient Masséna, Marseille. Aussitôt que le comité se fut réuni rue Basfroi, il expédia des ordres dont quelques-uns, retrouvés aujourd’hui, constituent des pièces historiques intéressantes à citer. — « 18 mars 1871. — Pouvoir est donné au citoyen Varlin, porteur du présent, de faire ce qu’il jugera convenable dans le XVIIe arrondissement de concert avec les autres quartiers de Paris. Les membres du comité : Grolard, Blanchet, Fabre, N. Rousseau[1]. — « 18 mars 1871, deux heures et demie: Ordre est donné aux bataillons disponibles du XVIIe arrondissement de descendre immédiatement sur Paris et de s’emparer de la place Vendôme de concert avec les bataillons disponibles du XVIIIe arrondissement. Par délégation du comité : Grolard, Fabre, N. Rousseau. » — Le comité central ne manquait pas de généraux improvisés par lui en prévision de la lutte qui devait forcément suivre le mouvement de révolte si énergiquement provoqué et entretenu depuis l’armistice, car le 15 mars il avait désigné en qualité de chef de légion Faltot dans le XVe arrondissement, Eudes dans le XXe, Duval dans le XIIIe, Lucien Henry dans le XIVe Ces futurs héros de la commune ne faillirent point à leur mission, et ils occupèrent valeureusement tous les points que les débris de l’armée française avaient abandonnés sans combattre. Le comité central, vainqueur sans le savoir, était déjà maître de Paris qu’il ne s’en doutait pas encore. Cela paraît ressortir de la lettre suivante que Varlin, — qui dans cette journée déploya une grande activité,. — écrivit à Arnold : « 18 mars 1871, onze heures du soir. Citoyen Arnold, j’arrive du comité central. Le mouvement général se continue à notre avantage, mais nous n’avons pas encore réussi partout. Faltot avec les hommes du XVIIIe occupe le Luxembourg. On dit, mais ce n’est pas sûr du tout, que nous occupons le Palais de Justice. L’Hôtel de Ville n’est pas encore pris, ni la caserne Napoléon ; ces deux monumens sont pleins de troupes, gardées elles-mêmes par des gendarmes et des sergens de ville. Il y a eu déjà quelques coups tirés aux premières approches ; nous avons eu quelques hommes tués. Mais actuellement des forces considérables sont dirigées sur ce point, sous le commandement de Lullier. Au moment où j’écris, on nous apprend que l’Hôtel de Ville serait occupé et que les gendarmes du Louvre seraient en train de déménager. Mais on nous signale en même temps de grands mouvemens de troupes au Champ de Mars et aux Invalides. Veillez ! veillez! Ça va bien, mais il faut se défier d’un retour offensif. » Les mouvemens de troupes dont parlait Varlin étaient réels; ils indiquaient que l’armée entière, obéissant aux ordres reçus, se mettait

  1. L’écriture de cette pièce est de Blanchet, dont le vrai nom était Pourille.