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montent en tournoyant les flocons de fumée des brûle-parfums et les flammes des torches d’hyménée.

Au XVIe siècle, la gravure en bois avait atteint au dernier degré de la perfection. Vers la fin de ce siècle, elle allait disparaître presque entièrement et pour plus de deux cents ans. De Henri IV à Charles X, ou à mieux dire des livres de Jan de Tournes et de Guillaume Roville à ceux de Ladvocat et de Renduel, les éditeurs des Romantiques, on ne trouve guère en France de figures en bois que dans les livres de la veuve Oudot de Troyes, et dans les almanachs des Bergers. On remplaça donc pour l’ornement des livres la gravure en bois discréditée par la gravure en taille douce et par la gravure à l’eau-forte, qui, inventées la première au milieu et la seconde à la fin du XVe siècle, n’avaient encore été employées, à quelques exceptions près, que pour les estampes et non pour les livres. Cette révolution dans l’illustration du livre n’eut pas tout d’abord d’heureux résultats. D’une part, l’épreuve d’une gravure en creux qu’on intercale après coup dans un livre ne fait pas, comme la gravure en bois, tirée typographiquement, partie inhérente du livre. Ainsi la gravure en creux semble moins appropriée à l’illustration que la gravure en bois. D’autre part, le tirage étant plus long et plus coûteux, les libraires du XVIIe siècle se virent contraints de publier beaucoup de livres sans gravures ou de réduire le nombre des figures dans les livres illustrés. Sous Henri IV, sous Louis XIII, le livre illustré est l’exception. On se contente de quelques portraits de Thomas de Leu ou d’un frontispice de Léonard Gautier. Les ouvrages à figures, comme le Manège royal ou l’Académie de l’épée de Crispin de Pas, l’Héliodore de Michel Lasne, peuvent se compter. Callot a plus fait de suites de planches, les Gueux, les Misères de la guerre, qu’il n’a illustré de livres. Cependant le Combat de la Barrière et la tragédie italienne de Soliman ont des eaux-fortes de ce maître.

Vers 1635, les Elzevirs commencent à faire renaître un semblant d’illustration en substituant le titre gravé au titre imprimé dans toutes leurs éditions des classiques latins et dans certaines contrefaçons des auteurs français. C’est alors que Rembrandt ne dédaigne pas de faire mordre à l’eau-forte deux frontispices, l’un pour les poésies de Jacob Katz, l’autre pour la tragédie de Jason. En France aussi, sous Louis XIV, on revient un peu aux livres à figures, mais la taille-douce, si magistrale sous le burin des Nanteuil, des Drevet, des Girard Audran, des Edelinck même, n’a ni relief, ni charme, ni effet sous celui de Chauveau, le vignettiste renommé, qui illustre les fables de La Fontaine, les comédies de Molière, les tragédies de Racine et les Métamorphoses en rondeaux de Benserade. Un livre plus important comme illustrations est l’édition in-folio de la Pucelle de Chapelain, avec figures d’Abraham Bosse, qui a gravé aussi des vignettes pour l’Imitation de