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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 octobre 1877.

Nous voici arrivés à la dure échéance, à l’heure sérieuse et indéclinable des règlemens de comptes, et on ne peut pas se flatter cette fois d’avoir une liquidation facile. Certes, s’il y a jamais eu pour notre généreux et malheureux pays une situation extraordinaire, compliquée et obscure, c’est celle qui a été créée par ce triste conflit de six mois sur lequel le suffrage universel vient de dire son mot souverain, dont le dénoûment va dépendre des pouvoirs publics remis en présence. Rien n’y manque, ni les défis, ni les contradictions criantes, ni les difficultés trop réelles, ni les impossibilités apparentes. Cinq mois durant, les incohérences se sont accumulées. Aujourd’hui le scrutin du 14 octobre a décidé autant qu’il pouvait décider, et les ballottages viennent de compléter le vote. La lutte des urnes est achevée ; quelques jours encore, le parlement se retrouvera à Versailles. Quelle aura été l’influence des élections sur l’état des esprits ? Quelles seront les dispositions respectives de la chambre nouvelle et du sénat ? A quelles résolutions avant tout se sera arrêté le gouvernement, qui a la première responsabilité de cette longue crise et qui n’en est pas sans doute à chercher les moyens de la dénouer ? tout est là, tout tient à la manière dont va s’engager une session, certes des plus décisives, que des passions pourraient vouloir irriter d’avance, que la considération des intérêts publics doit dominer et tempérer.

Et d’abord il y a le fait principal, essentiel, qui reste le point de départ de cette phase nouvelle où nous entrons et avec lequel il faut compter : c’est le résultat même, le résultat matériel de ces élections qui viennent de s’accomplir. Ce résultat a été déjà naturellement l’objet de toute sorte de supputations ingénieuses et de commentaires intéressés. Il a été décomposé, analysé, interprété de toute façon, dans tous les sens, depuis quinze jours. Les bulletins des campagnes électorales ressemblent aux bulletins militaires, ils ne sont pas de l’histoire :