Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/451

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’entrée de la chambre et reparaît à la sortie. Au moyen d’une pipette qui traverse la paroi supérieure, on remplit alors de divers liquides très altérables une rangée d’éprouvettes encastrées dans le fond de la caisse, puis on les porte à l’ébullition dans un bain d’huile, et on les abandonne à l’action de l’air pur. Dans ces conditions, les infusions organiques les plus variées sont restées quatre mois aussi limpides que de l’eau distillée; elles ont commencé à se putréfier aussitôt qu’on a donné accès à l’air ordinaire, chargé de poussières.

Les propriétés optiques de la lumière réfléchie et dispersée par ces poussières flottantes prouvent qu’il y a là des nuages de particules solides excessivement ténues au milieu desquelles les corpuscules plus gros brillent d’un plus vif éclat. C’est parmi ces atomes ultra-microscopiques qu’il faut chercher les germes des bactéries qui élaborent la putréfaction. « Quoique le microscope soit impuissant à révéler la présence de ces particules, étrangères à l’atmosphère tout en flottant dans son sein, on peut affirmer qu’elles existent, dit M. Tyndall, comme si elles étaient tangibles ou visibles à l’œil nu. Or supposons qu’elles augmentent de volume jusqu’à devenir non-seulement saisissables au microscope, mais directement perceptibles à nos sens, et admettons un instant que la connaissance que nous en aurions dans ces conditions hypothétiques reste aussi défectueuse que celle que nous en avons aujourd’hui, — que nous ne sachions point si ce sont des germes, des parcelles de matière organique morte ou des poussières minérales. Supposons encore qu’on remplisse à la main un pot à fleurs avec du terreau, qu’on y sème nos particules inconnues, et qu’au bout de quarante-huit heures nous voyions poindre les germes de quelque plante bien définie ; supposons enfin que l’expérience, répétée à plusieurs reprises, donne invariablement le même résultat; quelle sera notre conclusion? Regarderons-nous ces plantes comme les produits de poussières mortes ou de matières minérales, ou bien comme les rejetons de semences vivantes? La réponse est toute trouvée. Nous verrons dans le fait de l’apparition des herbes la preuve positive que les particules déposées dans la terre du pot à fleurs étaient les semences des plantes qui en sont sorties. » Eh bien ! le même raisonnement s’applique à l’apparition des infusoires sous l’influence de l’air chargé de poussières dont la présence est trahie par la réflexion de la lumière. Les bactéries n’apparaissent que lorsqu’il y a des poussières dans l’air en contact avec les infusions ; donc ces poussières sont la cause de l’apparition des bactéries.

La nature et l’abondance des germes qui se trouvent suspendus dans l’air ou déposés à la surface de tous les objets varient beaucoup