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Le gouvernement fédéral a voulu avoir son bâtiment à lui 72 l’expose entre autres choses ses engins de guerre sur terre et sur mer, les portraits de ses grands hommes, les uniformes de ses soldats et de ses marins depuis 1776, les reliques de Washington puis ses phares, les détails si instructifs de son service météorologique, son service des postes et de son service agricole, avec une profusion de cartes, de spécimens, de statistiques, qui font l’étonnement de chacun. Le patent-office, ou bureau des brevets, qui délivre jusque cent patentes par jour dans ce pays où tout le monde est inventeur, exhibe une partie de ses nombreux modèles en relief A son tour, le bureau indien nous montre tout ce qui concerne les Peaux-Rouges, non-seulement les sauvages actuels mais ceux qui les ont précédés, ces mystérieux aborigènes qui ont laissé sous le sol et à la surface tant de restes curieux, jusqu’à des ruines de villages et de forteresses taillés dans le roc, que le géologue Hayden, une première fois illustré par sa découverte des fameux geysers du Parc-National, à récemment reconnues. Les collections si remarquables de l’institution smithsonienne comprennent les trois règnes et sont également sous le couvert des États-Unis On y retrouve entre autres les animaux à fourrures et tous les détails de la pêche de la baleine, tout cela à la manière américaine qui recherche avant tout le côté utile des choses et l’enseignement par les yeux.

Le gouvernement a poussé ce genre d’enseignement jusqu’à ses dernières limites II exhibe les modèles de ses arsenaux, de ses hôpitaux, une fabrication de cartouches, une fabrication de canons de fusils, et toutes les deux fonctionnent chaque jour devant la foule qui s’arrête émerveillée. Au département de la poste c’est une machine automatique à plier, gommer, timbrer, compter et empiler les enveloppes, qu’une femme suffit à surveiller, car la machine travaille toute seule et met en œuvre ses organes délicats comme une personne intelligente ferait usage de ses doigts Le public, ahuri, regarde et achète une douzaine d’enveloppes en passant.

D’autres bâtimens répandus dans les jardins de l’exposition, tels que le pavillon où l’on exhibe les travaux des femmes avec ces belles paroles des textes saints gravées à l’entrée : « Laissez ses œuvres parler pour elle, » celui consacré aux écoles de Pensylvanie, et tant d’autres qu’il faudrait tous citer et décrire, sont faits pour provoquer la curiosité ou les méditations de chacun. Sous ce rapport, l’exposition de Philadelphie a innové sur bien des points. Au pavillon des femmes, on a été fier de rassembler tous les travaux que des mains féminines peuvent exécuter, depuis les mocassins et les robes en peau de daim ornés de perles, travaillés par