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président, et, à son retour, il a fait procéder à l’enquêté par coroner. Le jury a rendu, le 1er août, un verdict d’accusation pour meurtre contre le général Butler, le colonel à R. Butler, le docteur Pierce Butler, le révérend Keiling, contre 53 autres habitans des comtés d’Arden et d’Edgfield, dans la Caroline du sud, et contre 30 citoyens de la Géorgie, dont l’arrestation et l’extradition ont été immédiatement demandées par M. Chamberlayn. Le gouverneur de la Caroline du sud est maintenant armé d’un arrêt de justice, et, s’il ne croit pas pouvoir compter sur l’obéissance de ses administrés pour faire procéder à l’arrestation des coupables, il pourra, aux termes de la constitution, réclamer l’assistance des troupes fédérales : il ne s’agit plus que de trouver des jurés assez courageux pour siéger et pour prononcer suivant leur conscience.

Dès le 20 juillet, le sénat avait demandé au président communication de tous les documens de nature à éclairer les pouvoirs publics sur les faits qui s’étaient passés à Hamburg. Le président a déféré à cette demande par un message, en date du 1er août, transmettant au sénat une lettre de M. Chamberlayn, la réponse que lui-même avait adressée, le 26 juillet, au gouverneur de la Caroline du sud, et divers rapports des autorités judiciaires. Cette communication n’a été demandée et n’a été faite que pour mettre entre les mains du parti républicain un dossier officiel où ses orateurs pourront puiser des argumens pendant la lutte électorale. Cela est si vrai que, parmi les documens communiqués par le président, il en est plusieurs qui n’ont aucun rapport avec le massacre de Hamburg et concernent d’autres états que la Caroline du sud. La lettre du président au gouverneur Chamberlayn n’est elle-même qu’un acte d’accusation contre la population du sud tout entière ; c’est un véritable manifeste, qui va jusqu’à faire entrevoir la possibilité d’un renouvellement de la guerre civile, et qui résume, sous la forme la plus irritante et la plus amère, tous les argumens que le parti républicain peut invoquer en faveur de sa politique » On en jugera par quelques passages.


« La scène qui s’est passée à Hamburg, dit le président, cet acte cruel, sanguinaire et gratuit, que rien n’a provoqué, que rien ne justifie, n’a été, si odieux qu’il soit, que la répétition de ce qui est devenu, depuis quelques années, la règle dans d’autres états du sud, et notamment dans le Mississipi et la Louisiane. Le Mississipi est gouverné aujourd’hui par une administration nommée à l’aide de fraudes et de violences telles qu’on oserait à peine les imputer à des sauvages, et, à plus forte raison, à une population civilisée et chrétienne. Combien de temps cet état de choses durera-t-il, et quel en sera finalement le remède ? Seul,