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disséminés dans toute la chaîne des Alpes, les Carpathes et sur les plus hautes croupes du Jura.

La plus grande partie des bois résineux sert à faire des sciages de diverses formes. Ceux-ci comprennent les planches, dont l’épaisseur varie de 0m,027 à 0m,081 (1 à 3 pouces), les lambris plus minces et les madriers plus épais. La planche française ordinaire a 0m,026 d’épaisseur sur 0m,24 de largeur (autrefois 1 pouce sur 9). La planche du nord a le plus souvent 0m,032 d’épaisseur sur 0m,20 de largeur (1 pouce 1/4 sur 8, mesures anglaises).

Le débit en sciages a lieu souvent au pied de la forêt. En remontant les fraîches vallées des Vosges, on rencontre de distance en distance la scierie assise à côté du ruisseau rapide. Elle est en planches ; un canal de dérivation, construit en madriers et suspendu sur des piliers en maçonnerie, y amène l’eau qui vient frapper la roue motrice. Le bruit de cette petite cascade et l’odeur du sapin de fraîche coupe annoncent à quelque distance rapproche de la scierie. Un scagard l’habite seul avec sa famille et la met en œuvre ; elle débite vingt-cinq à trente mille planches par an. De grandes scieries sont établies, maintenant en beaucoup de lieux au point de jonction des vallées, sur les cours d’eau principaux ou au voisinage des marchés. Elles ont des moteurs puissans, des lames nombreuses et un outillage perfectionné. Quelques-unes de ces grandes usines débiteraient en une année tous les arbres d’une forêt. Au siècle dernier, les scieries, connues sous le nom de moulins à scie, n’existaient guère qu’en Hollande.

Ainsi le sciage mécanique n’est très pratiqué que depuis une centaine d’années. Il a produit d’abord des planches des dimensions types les plus usuelles. Après l’abatage, qui a lieu en été pendant la séve, on découpe l’arbre en billes d’une certaine longueur. Les tronces des Vosges ont 4 mètres, comme les plots du Jura. On les écorce aussitôt pour en hâter le dessèchement et prévenir ainsi les dégâts d’un petit insecte, le bostriche liséré, qui attaque les sapins morts. Il s’enfonce à quelques centimètres dans le corps de l’arbre, y dépose ses œufs et produit la vermoulure noire. Les sapins et les épicéas, ainsi dégradés, perdent moitié de leur valeur ; écorcés, ils sont à l’abri de ce danger.

Les billes, transportées à la scierie, y sont débitées en planches brutes ou alignées. Ces dernières, lavées à la scie sur les bords, sont rectangulaires et de même largeur aux deux bouts ; ce sont les planchés parfaites, quant à la forme. On en fait d’ordinaire des lots de même formât : ce dont, par exemple, des planches marchandes, de 9 pouces de largeur sur 1 pouce d’épaisseur ; ce sont aussi des planches réduites, qui n’ont que 8 pouces, ou enfin des planches larges, qui en ont 12. Les planches brutes sont