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difficultés. Il fut reconnu que les matériaux de construction pouvaient être en partie pris sur place : on avait sous la main la domite, roche légère, poreuse, facile à travailler ; la crête rocheuse du sud pouvait fournir de la pierre plus dure, et un cratère voisin, le Nid de la Poule ou le puy de Parion, de la pouzzolane. L’eau était à mi-côte ; il suffisait de porter au sommet la chaux, les pièces de charpente et les tuiles. En 1870, le corps législatif vota une subvention de 50,000 francs, qui fut maintenue par l’assemblée nationale au budget rectificatif de 1871 ; puis M. Alluard obtint du conseil-général du Puy-de-Dôme un crédit de 25,000 francs, et la ville de Clermont, malgré une situation financière peu brillante, accorda une somme égale. Après trois ans d’efforts, on disposait donc d’une somme de 100,000 francs ; de plus le conseil-général du département consentait à prendre l’établissement sous son patronage spécial.

Les premiers travaux de terrassement entrepris au sommet du Puy amenèrent une découverte d’un haut intérêt. En 1873, les ouvriers qui creusaient une tranchée à 20 mètres plus bas que le sommet mirent au jour les fondations d’un temple romain. Et on avait prétendu que la montagne était inhabitable ! L’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand se chargea de continuer les fouilles. On eut bientôt mis à découvert les fondations de la façade sur une largeur de 70 mètres sans en atteindre les angles. Des fragmens de marbre très variés, — des marbres les plus recherchés de l’Italie, de la Grèce et de l’Afrique, — et de pierres d’ornementation plus dures, telles que le porphyre et la syénite, attestaient que le bâtiment était décoré avec luxe à l’intérieur. Des monnaies d’empereurs romains permettaient d’assigner une date à ces ruines. La partie déblayée présente le caractère des constructions de la belle époque romaine. Les maçonneries se composent d’énormes pierres de taille posées à sec, sans ciment ni mortier, et reliées par des crampons de fer ; le remplissage et les parties secondaires sont en petit appareil. Ce sont, de l’avis des archéologues compétens, les ruines du plus important sanctuaire de la Gaule romaine. Grégoire de Tours, qui était né à Clermont, parle d’un temple appelé Vasso en langue gauloise, qui fut détruit au IIIe siècle par une incursion de barbares, et dont les ruines attestaient de son temps la magnificence ; la description qu’il en donne s’accorde de point en point avec les débris trouvés au sommet du puy. Tout porte à croire que ce temple était dédié à Mercure, la principale divinité des Gallo-Romains, comme l’affirme César dans ses Commentaires. On sait que diverses inscriptions, trouvées dans le pays de Juliers et dans les environs de Dusseldorf,