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des cours d’eau, un mauvais état sanitaire des Européens. » Pendant cette saison, tout le monde est plus ou moins atteint, la maladie est l’état habituel des Européens, et la mortalité très considérable.

Le calme fréquent de l’air en Algérie, l’indécision, la variabilité et la faiblesse des vents, les brumes et les brouillards qui en sont la conséquence, voilà probablement aussi quelques-unes des causes principales de l’insalubrité de certaines régions de notre colonie. Il faut ajouter que les vents continentaux du sud, à faible tension électrique, les vents négatifs, comme on dit, semblent exercer une action fâcheuse qui se manifeste par des troubles de l’innervation et prédispose aux maladies endémiques. Le reboisement des hauteurs serait un remède contre l’influence de ces vents sahariens et en même temps contre la sécheresse habituelle de l’air.

« Les vents maritimes généraux, alizés et vents d’ouest, dit M. Pauly, doivent leurs propriétés vivifiantes, selon toute probabilité, à leur passage comme vents d’évaporation sur les mers. Ils se chargent ainsi de vapeur d’eau et d’électricité positive ; leur invisible vapeur d’eau les rend aptes à créer cette bénignité de l’atmosphère, cette douceur du fond de l’air inconnue aux climats plus beaux, mais moins sains, de la Méditerranée, de l’Orient et de l’Inde, dont la formule, surtout pour les deux premiers climats, est : soleil ardent et air froid, ou au moins très frais. Ces climats doivent évidemment cette âpreté de l’air à la rareté des vapeurs aqueuses. » Quant à l’électricité positive dont les vents d’ouest sont chargés, M. Pauly pense qu’elle en explique la richesse en ozone, constatée par divers observateurs. Or on sait quelle action stimulante la présence de l’ozone, de cet oxygène à l’état actif, exerce sur la santé générale. Il paraîtrait d’ailleurs, d’après les recherches que M. Jacolot a faites pendant la campagne de la Danaé, que la rapidité des vents eux-mêmes suffit pour augmenter l’ozone de l’air.

Les propriétés oxydantes de l’ozone se manifestent par une plus rapide combustion des débris organiques abandonnés à l’air libre, et c’est en ce sens que les vents chargés d’ozone sont des vents salubres ; mais c’est probablement surtout par des effets mécaniques de dispersion et de transport que les vents généraux sont appelés à purifier les couches d’air viciées. Quelle que soit l’idée qu’on se fasse de la nature des miasmes qui produisent les épidémies, — que ce soient des spores d’une algue, des germes d’infusoires ou de simples exhalaisons du sol, que chaque maladie ait son miasme particulier ou qu’une même forme morbide puisse résulter d’une atmosphère contaminée par des causes diverses, — il est certain que de puissans courans atmosphériques, en balayant le sol, renouvellent l’air et enlèvent les principes délétères. En tout cas, il est hors de doute que les calmes prolongés sont un danger pour les villes où s’accumulent sans cesse des gaz méphitiques ; ce