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les plus intéressantes. Les époques les plus rapprochées de nous avaient fourni des armures slaves du XVIe siècle, les grandes haches argentées que les ryndis, en long vêtement blanc, faisaient resplendir à côté du trône des tsars, les masses d’armes des atamans zaporogues, les canons pris aux Polonais et aux Turcs, des instrumens de musique cosaque, entre autres la bandoura qui, suivant la tradition, aurait appartenu à Mazeppa, des dessins représentant les étendards et les uniformes de ces strélitz que Pierre le Grand extermina dans Moscou. Avec leurs hauts bonnets fourrés, leurs pantalons bouffans, leurs bottes à la tatare, leurs sabres en croissant, leurs carquois et leurs hallebardes, ils ressemblent beaucoup plus à des janissaires qu’à une milice chrétienne. Ils sont bien ces « Turcs du nord » dont parle Voltaire. Les spécialistes admiraient encore une précieuse collection de manuscrits anciens savamment classés et disposés par le professeur Krouchtchof, secrétaire de la Société historique de Nestor l’annaliste.


II

Le nombre des lectures faites au congrès a été de près de quatre-vingts ; beaucoup ont provoqué de vives répliques, des improvisations d’une valeur scientifique parfois égale aux mémoires longuement médités. Je me bornerai à signaler celles qui m’ont paru les plus propres à donner une idée des questions qui sont à l’ordre du jour de la science russe, et d’où l’archéologie slave tire son originalité.

Au congrès de Moscou, M. Pogodine avait exposé l’histoire de l’archéologie russe depuis le jour où Pierre le Grand avait rapporté d’Occident le goût de cette science comme de toutes les autres. M. Sréznevski s’est souvenu que le troisième congrès se tenait à Kief : il s’est appliqué à mettre en lumière les travaux kiéviens. Le mouvement scientifique de la Petite-Russie a été en quelque sorte lancé par la fondation en 1834 de l’université de Saint-Vladimir, cette pépinière de travailleurs qui a produit, entre autres, l’historien Kostomarof. En 1843 eut lieu la découverte des fresques byzantines à la cathédrale Sainte-Sophie, et la même année fut fondée auprès des archives du général-gouverneur une commission archéographique chargée de l’examen et de la publication de ces documens. C’est elle qui a édité successivement les Monumens, les Antiquités, avec une collection de planches magnifiques, et qui a commencé les Archives de la Russie sud-occidentale. C’est au nom de cette commission que se publiait naguère, à la veille et en l’honneur du congrès, le Recueil des matériaux pour la topographie