Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/557

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES ORIGINES
DU RÉGIME FEODAL

II.
LE PATRONAGE ET LA FIDÉLITÉ.

Le régime féodal n’a pas été constitué par un acte particulier qui ait une date précise. On chercherait en vain une ordonnance royale ou une charte qui l’ait établi. Il n’a été fondé ni par la conquête d’un peuple étranger, ni par le complot d’une aristocratie. Il s’est formé lentement, insensiblement, en plusieurs siècles : il en faut chercher les racines bien loin dans le passé, et en suivre le lent et continuel accroissement. — Il n’est pas plus d’origine germanique que d’origine gauloise ou romaine; il est né en même temps et pour les mêmes causes chez tous les peuples de l’Europe sans qu’aucun d’eux l’ait emprunté à un autre[1]. Il s’est également épanoui dans l’Aquitaine tout imprégnée d’esprit romain, chez les Bretons, de pure race gallique, chez les Anglo-Saxons, qui avaient asservi une race vaincue, chez les Francs et les Burgondes, qui n’avaient rien asservi, chez les Bavarois, les Alamans et les Saxons, qui étaient restés purement Germains. Ce même régime s’est rencontré chez un grand nombre d’autres peuples hors de l’Europe. Il a existé dans tous les temps, au milieu de toutes les races, sous toutes les latitudes. Il appartient à la nature humaine.

Tous les modes de gouvernement, si nombreux et si divers qu’ils paraissent, peuvent se ramener à trois groupes. Il y a en premier

  1. Voyez la Revue du 15 mai 1873.