Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 4.djvu/533

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou les instrumens dont il use, ou les articles définitivement fabriqués qu’il offre au consommateur, de quelque point que ce fût du globe, sans avoir à payer aucun droit d’entrée quand cela était tiré de l’étranger. Il emploie pour les importer sur le sol anglais tel navire qu’il lui plaît, le pavillon étranger étant complètement assimilé, même pour le cabotage, au pavillon national. Toute distinction a disparu aux yeux de la douane entre les provenances des entrepôts nationaux ou étrangers et celles des pays d’origine; les unes comme les autres sont complètement exemptes de droits, sauf les rares marchandises qui viennent d’être énumérées. Chaque producteur suit les procédés qu’il veut sans avoir à s’astreindre aux convenances des agens du fisc, car il n’y a plus maintenant d’industrie exercée ; toutes celles qui subissaient cette servitude, et elles étaient nombreuses il y a cinquante ans[1], en ont été dégagées, à l’exception de la fabrication de la drêche et des distilleries. Cette dernière industrie y restera indéfiniment, parce que les esprits sont considérés comme une matière essentiellement imposable et comme devant fournir un très gros revenu dont la perception nécessite une surveillance particulière. Le progrès intrinsèque des industries diverses se combinant avec une facilité toujours croissante pour les échanges, au dedans comme au dehors du pays, multiplie par l’abaissement des prix les consommations et les transactions, et par celles-ci fait croître le revenu public. Le perfectionnement industriel et commercial n’est pas provoqué seulement par la concurrence intérieure, qui est une partie intégrante du régime de la liberté du travail, et qui est extrêmement active, et par la concurrence étrangère. Il ne l’est pas moins par l’action permanente des plus importans des rouages d’une bonne organisation industrielle, à savoir les moyens de communication, les institutions de crédit et l’instruction publique. Les trois grands instrumens dont se servent les hommes pour communiquer entre eux, c’est-à-dire les chemins de fer, la poste aux lettres et le télégraphe, reçoivent chaque année en Angleterre quelque extension, sans parler des canaux et des routes ordinaires, qui ont toujours leur emploi, et de la voie de mer, que fréquentent des bateaux à vapeur perfectionnés sans cesse. Le service postal, déjà si heureusement remanié à la suggestion de sir Rowland Hill, a encore été modifié favorablement pour le public par un abaissement nouveau du port non-seulement des lettres, mais des paquets. Par la télégraphie, outre que ses fils sillonnent les îles britanniques dans tous les sens, l’Angleterre sera sous peu en rapport direct avec tous les points du globe que recommande

  1. C’étaient notamment les verres et cristaux, le papier, les toiles peintes, le savon, les briques, la culture du houblon.