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du nord, en revanche elle a faibli en Saxe et dans les trois états du sud. D’ailleurs le taux anormal de cet impôt inquiète les amis de l’empire, parce qu’ils y voient un auxiliaire pour l’agitation socialiste. En réalité, il excède à peine 1 franc par tête et par an, mais il faut considérer que l’alcool et le tabac, — produits de luxe, — demeurent à peu près indemnes, et que les sectaires trouvent dans cette inégalité un argument favorable à leur cause. Le gouvernement, soit qu’il se juge assez fort pour ne tenir aucun compte de ces critiques, soit que les nécessités financières l’obligent de maintenir dans son intégrité un revenu de 42 millions, s’est montré jusqu’à présent hostile à l’abolition du Salzsteuer, et dernièrement encore il saisissait le conseil fédéral d’un projet de règlement sur la dénaturation du sel ; mais plusieurs députés, s’emparant de cette circonstance, déposèrent une proposition de loi qui invite les gouvernemens alliés à statuer sur le principe même de l’impôt, et le conseil fédéral dut charger immédiatement l’un de ses comités de l’étude des moyens propres à combler le déficit que ferait naître une réforme radicale. Cette étude se poursuit encore à l’heure présente ; toutefois le problème est de ceux qui, une fois posés, n’admettent point d’ajournement, et il est probable qu’il sera résolu conformément à l’intérêt des classes laborieuses.

L’impôt sur le tabac paraît destiné à rétablir, au moins dans une certaine proportion, l’équilibre budgétaire menacé par le programme de la majorité du Reichstag. Même sous le régime du Zollverein, le tabac fut toujours traité d’une manière différente dans chacun des territoires de l’Allemagne, et c’est en 1855 seulement que la Prusse proposa pour la première fois de soumettre la culture de cette plante à une taxe uniforme de 150 francs par hectare. Les états du sud, où la culture demeurait libre de toute entrave, repoussèrent l’avis du délégué prussien, préférant pour leur compte le monopole à une complication stérile pour le trésor. Dix ans plus tard, on parvint à s’entendre sur le principe même d’un impôt commun, mais au moment d’en fixer l’assiette et la perception, les divergences reparurent aussi accentuées, aussi inconciliables que jamais. Enfin, dans le cours de 1868, alors que les conférences générales venaient de faire place au parlement douanier, le gouvernement fédéral présenta de nouveau le projet de 1855, mais en abaissant la taxe à 90 francs par hectare, et en modifiant le droit d’entrée sur les tabacs exotiques. Les états du sud, qui avaient conservé leurs préférences pour le monopole, accueillirent mal cette réforme, qui ne fut d’ailleurs votée qu’à une faible majorité. On donne pour assiette au Tabaksteuer la surface cultivée, sans distinction de parcelles ou de produits. En Bavière par exemple, où le