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de Pline et les Sabarai de Ptolémée, habitant les régions presque inexplorées comprises entre le Chilka et le Godavari, et dont plusieurs débris se rencontrent jusque dans l’Inde centrale, — enfin les Kandhs, qui habitent entre les Kols et les Savars. Ces trois peuples sont depuis quinze cents ans établis dans les mêmes lieux, mais entre leurs frontières des tribus étrangères et plus récentes se sont faufilées : c’est ainsi que les Indiens Uriyas se sont emparés des meilleurs territoires. Les Kols et les Savars, plus anciens que les Kandhs, sont, aux yeux de ceux-ci, d’une classe inférieure, comme ils le sont eux-mêmes pour les Hindous. Quelques-unes de ces tribus, comme celle des Malhars par exemple, occupent le dernier rang de l’échelle sociale, sans avoir pu, depuis plusieurs milliers d’années, et malgré les exemples qu’elles ont sous les yeux, en franchir un seul échelon. Aujourd’hui comme il y a trois mille ans, les Malhars n’ont pas de demeure, vivent dans les bois, couchent sous les arbres, se nourrissent de miel, de résine et de quelques autres produits des jungles ; leurs femmes n’ont aucun vêtement, elles se couvrent seulement de quelques feuilles qui pendent par devant et par derrière, attachées par une corde liée autour des reins.

Les Kandhs sont bien supérieurs à ces diverses races ; ils ont été refoulés dans les montagnes par l’invasion hindoue, et jusqu’en 1835 le gouvernement anglais ne songea pas à eux. A la suite d’une insurrection survenue à cette époque, il fut conduit à les annexer à ses autres possessions, et dut s’occuper de trouver une forme de gouvernement qui pût leur convenir. Chez les Kandhs, l’organisation sociale comprend trois degrés, la famille, la branche et la tribu. La famille est l’élément primordial de la société, la branche est formée par la réunion de plusieurs familles issues d’une même souche, enfin l’agglomération de plusieurs branches qui sont supposées descendre d’un ancêtre commun forme la tribu ; elle est gouvernée par un patriarche qui représente cet ancêtre. Dans chaque famille, le père exerce l’autorité absolue ; les fils, durant la vie de leur père, ne jouissent d’aucune propriété, vivent tous sous le même toit avec leurs femmes et leurs enfans ; à sa mort, ils se séparent, deviennent les chefs de familles indépendantes. La réunion d’un certain nombre de familles forme un village, et les chefs de ces familles constituent l’assemblée du village, de même que l’assemblée de la tribu est composée des chefs des différentes branches. Le patriarche exerce en même temps les fonctions sacerdotales, et ne jouit pour cela d’aucun traitement ni d’aucune prérogative ; il vit de la vie commune, sans autre privilège que la considération dont il est entouré. Il est le protecteur de l’ordre public et l’arbitre des contestations privées.

Il est admis en principe que les Kandhs sont en guerre avec