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la réorganisation du conseil supérieur de l’instruction publique. M. Jules Simon, de son côté, a publié dans l’intervalle des vacances des programmes et des circulaires qui modifient jusqu’à un certain point l’économie des études. Avait-il ce droit ? Il l’avait incontestablement dans une certaine mesure, puisqu’il n’y avait plus de conseil supérieur pour le moment. Il avait d’ailleurs notablement atténué d’avance la difficulté en déclarant qu’il soumettrait ses programmes au conseil, qui va être bientôt reconstitué. Dès lors tout se trouvait simplifié et régularisé. Était-il bien nécessaire après cela de transformer l’assemblée en conseil pédagogique pour lui soumettre des questions de thèmes ou de vers latins ? N’était-ce pas livrer au hasard d’une délibération incompétente l’intérêt même des études classiques qu’on voulait défendre ? N’importe, on est entré en guerre, on a ouvert le feu de toutes les batteries contre la forteresse d’où M. Jules Simon n’a pas envie d’être délogé ; puis on s’est dérobé tout à coup ; lorsqu’il s’est agi de voter sur la priorité entre plusieurs ordres du jour, dont l’un était favorable au ministre et accepté par le gouvernement tout entier, une partie de la droite s’est abstenue. Le lendemain, l’ordre du jour lui-même n’a eu contre lui qu’un assez petit nombre de voix, et on a couvert la retraite en déclarant que par l’abstention de la veille on avait atteint le but qu’on poursuivait. Ainsi a fini la grande manifestation organisée contre le ministre de l’instruction publique. M. Jules Simon pouvait être vulnérable par plus d’un côté ; on a trouvé moyen de lui donner raison et de lui laisser la victoire. Franchement, si c’est ainsi qu’on entend pratiquer le régime parlementaire, et surtout l’appliquer au chef du gouvernement lui-même, il y a de quoi réfléchir, il y a de quoi se demander ce qui se cache sous ces revendications jalouses des droits souverains d’une assemblée qui prétend tout faire, tout régler, s’occuper de combinaisons monarchiques et de vers latins, du pape et de ce qui se passe dans le dernier village de France !

Au fond, qu’on en convienne, on ne s’occupe guère en tout cela du régime parlementaire, ou du moins, aux yeux d’une partie de la droite dont la commission des trente représente les idées, ce n’est qu’un moyen de maintenir intacte l’omnipotence d’une assemblée où l’on croit avoir une majorité, instrument naturel de la politique qu’on ne désespère pas de faire prévaloir. Que la droite dispute le terrain qui se dérobe sous ses pas, qu’elle refuse au régime actuel, sous le prétexte spécieux des droits parlementaires, tout ce qui pourrait fixer et affermir un peu la situation, elle est peut-être dans son rôle, quoique ce soit un rôle assurément dangereux et peu prévoyant ; mais alors que veut-elle ? que propose-t-elle ? Ce qu’elle veut, on le sent, on le voit bien, elle garde obstinément l’espoir de faire triompher sa politique à la fois monarchique et religieuse. Aussi s’empresse-t-elle d’accueillir tout ce qui