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fondation rendu d’inappréciables services ; le nombre des récidives est relativement beaucoup moindre parmi les libérés qui acceptent son patronage que parmi ceux qui aiment mieux s’y soustraire.

On voit combien il serait facile d’établir partout des sociétés sur le même modèle. En 1862, le parlement a voté une loi qui permet aux magistrats d’accorder aux sociétés de patronage instituées auprès des prisons des comtés et des bourgs une somme de 2 livres sterling pour chacun des condamnés libérés de ces prisons. Le budget de toutes les sociétés de patronage est donc constitué d’avance ; aussi se sont-elles multipliées. À Londres, depuis 1864, existe, sous le nom, de Metropolitan discharged prisoners relief Society, une association qui se charge de secourir et de surveiller tous les condamnés sortis des prisons du comté de Middlesex. En sept ans, 4,112 de ces condamnés ont joui du bénéfice du patronage. Dans les comtés, les associations analogues sont déjà nombreuses, et bientôt il n’y aura plus de prison, si petite qu’elle, soit, qui n’ait pour ainsi dire à sa porte une de ces sociétés.

C’est surtout pour les femmes que le patronage est nécessaire ; aussi pour elles n’attend-il pas le moment de la libération provisoire. Les femmes condamnées à la servitude pénale, après avoir passé à Milbank neuf mois en cellule, sont envoyées dans les prisons de Woking et de Fulham, où elles travaillent en commun. Comme les hommes, elles peuvent par leur application au travail gagner une réduction de peine ; mais, au lieu d’être du quart seulement, cette réduction peut aller jusqu’au tiers de la durée totale de la condamnation. En outre les condamnées dont la conduite a été sans reproche peuvent être transférées, six mois avant leur libération provisoire, dans des maisons spéciales appelées refuges. Il existe aujourd’hui trois de ces maisons que l’on peut comparer aux prisons intermédiaires d’Irlande. Ce sont des associations charitables qui dirigent ces établissemens au moyen de subventions du gouvernement. Les femmes qui y sont admises ne portent plus le costume de la prison, mais sont astreintes à une discipline rigoureuse. Sur 275 condamnées libérées en 1871 des prisons de l’état, 117 ont pu obtenir le bénéfice de passer dans l’une de ces maisons les derniers mois de leur condamnation. Les directrices s’occupent de leur procurer un emploi honnête, ainsi qu’à leurs compagnes moins heureuses qui, sorties directement des prisons, sollicitent un patronage et un appui.

Voilà ce que fait, depuis moins de quinze ans, la charité privée, aidée et soutenue par le gouvernement. Tout prisonnier libéré qui veut obtenir du travail sait où il peut porter sa demande et abriter sa faiblesse. On lit dans un des derniers rapports de l’une de ces