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ÉTUDES FINANCIÈRES

LES ANCIENNES GABELLES ET L’IMPÔT DU SEL.

Depuis la mort de Colbert, c’est-à-dire depuis le 6 septembre 1683, un seul exercice, celui de 1829, s’est soldé par un excédant de recettes, sans emprunts, sans surtaxes, sans suspension de l’amortissement, sans contributions de guerre levées en pays ennemi. Cet excédant s’élevait à près de 80 millions ; mais c’est là un phénomène financier qui ne s’est plus reproduit. La révolution de juillet, toute pacifique qu’elle fût, jeta une perturbation profonde dans la fortune publique ; les six premières années du nouveau règne furent marquées par des crises continuelles, et ce n’est guère que vers 1836 que la prospérité reprit son essor, que les recettes arrivèrent à peu de chose près à couvrir les dépenses. Les subventions accordées par l’état aux chemins de fer, le développement de la viabilité, les grands travaux d’utilité publique, les armemens nécessités en 1840 par la question d’Orient, forcèrent le gouvernement de juillet à recourir à quelques emprunts ; cependant le chiffre de ces emprunts fut toujours très modéré. La dette inscrite ne s’était augmentée en dix-huit ans que de 14 millions de rentes annuelles, le 5 pour 100 avait atteint 126 francs, le 3 92 francs ; le crédit de l’état était assis sur les bases les plus solides. On pouvait espérer de voir se réaliser dans un avenir prochain cet équilibre que Sully, Colbert et les derniers ministres de la restauration étaient seuls parvenus à établir depuis le jour où Philippe le Bel avait posé la base du système moderne par la création des impôts d’état, étendus à toutes les classes et à toutes les provinces du royaume, lorsque la