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sant aux magistrats, il leur dit : « Jugez de quelle violence il usait alors, étant maître absolu de son concile, lui qui maintenant trouble le nôtre, quoiqu’il n’ait autour de lui que six adhérens. Je demande que tous les métropolitains de Lycaonie, de Phrygie, de Perge et des autres provinces déclarent sur les saints Évangiles s’il n’est pas vrai qu’après la déposition de Flavien, comme nous étions tous consternés et n’osions ouvrir la bouche, que quelques-uns même s’enfuyaient, il se dressa sur ses pieds et dit : Voyez-vous, si quelqu’un ne veut pas souscrire, il aura affaire à moi ! » Les dépositions continuaient à être accablantes pour Dioscore, lorsque, prenant la parole, il dit aux magistrats : « Votre grandeur est fatiguée ; faites remettre la cause, s’il vous plaît. »

Il était environ six heures du soir ; le soleil se couchant à cinq heures et demie le 8 octobre sous le climat de Chalcédoine, l’obscurité envahissait la basilique. On alluma les torches, et le secrétaire acheva la lecture des actes d’Éphèse. Quand il eut fini, le président annonça qu’on renvoyait au lendemain 9 les questions sur la foi qui demandaient à être examinées plus amplement ; quant au jugement des faits qui s’étaient déroulés dans les débats de la présente séance, d’après les pièces lues et les témoignages entendus, Flavien, d’heureuse mémoire, paraissant avoir été condamné injustement, ainsi que le très pieux évêque Eusèbe de Dorylée, le conseil des juges et des sénateurs estimait : « que, sous le bon plaisir de l’empereur, Dioscore, évêque d’Alexandrie, Juvénal de Jérusalem, Thalassius de Césarée, Eusèbe d’Ancyre, Eustathe de Béryte, et Basile de Séleucie, président et assesseurs au concile d’Éphèse, devaient subir la même peine et être privés de la dignité épiscopale, selon les canons. »

La séance fut alors levée au chant du Trisagion, hymne nouveau, introduit par Proclus dans la liturgie de Constantinople, et qui était alors fort en vogue. Il y était dit : « Dieu saint, saint et fort, saint et immortel, ayez pitié de nous ! » Après ce chant, les magistrats quittèrent la salle, et les évêques se dispersèrent.


III.

La séance annoncée pour le lendemain 9 octobre n’eut pas lieu, mais il se tint le 10, dans la même église de Sainte-Euphémie, une seconde action[1], où les magistrats présidèrent. Ni Dioscore ni ses cinq assesseurs, mis en prévention dans la première, comme auteurs ou complices des désordres d’Éphèse, ne s’y trouvèrent, les évêques égyptiens en corps firent également défaut, et on remarque de-

  1. Dans les plus anciens conciles, action est synonyme de séance ayant un but déterminé.