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avec les meilleures intentions du monde, peuvent gravement compromettre le succès des soins du chirurgien, comme ce fut malheureusement le cas dans la guerre de Crimée, comme cela s’est vu depuis dans les hôpitaux anglais, — notre gouvernement fit du chirurgien le chef, le commandant de l’hôpital ; tandis qu’il le rendait responsable de ses mesures organisatrices, il lui mettait entre les mains le pouvoir de rendre les résultats favorables. Le corps médical peut montrer avec orgueil les effets de cette libérale mesure. Jamais auparavant la mortalité des hôpitaux militaires ne fut si faible en temps de guerre, et jamais ces hôpitaux ne furent aussi complètement garantis des maladies qui y prennent naissance. »

Si le médecin doit diriger tout ce qui est dans la sphère de ses aptitudes, il ne faut pas cependant qu’il soit distrait par des préoccupations étrangères à la médecine. Il ne saurait lui convenir de passer des marchés et de veiller directement aux approvisionnemens. Un comptable doit fournir à ses demandes ; mais, quoique agissant sous la direction générale du médecin en chef, ce comptable relève de l’administration à laquelle il appartient pour tout ce qui concerne la gestion financière.

L’autonomie du corps de santé militaire ne saurait être sérieuse sans entraîner une assimilation complète des grades des médecins à ceux des officiers de l’armée. Cette assimilation avait été accordée par le décret du 3 mai 1848 ; malheureusement il ne fut pas appliqué. Le rapport du général de Saint-Arnaud publié en tête du décret de réorganisation du 23 mars 1852 s’exprime ainsi : « Dans l’opinion de la commission, le décret du 3 mai 1848, qui a surexcité au plus haut degré dans le corps des officiers de santé les tendances vers une émancipation absolue, est d’origine révolutionnaire, c’est-à-dire qu’il appartient à une de ces époques où le trouble pénètre dans les esprits, dans les faits, dans les institutions, et où le principe d’autorité se fausse et s’énerve. » Cependant le maréchal Randon, trouvant sans doute le principe moins révolutionnaire, proposa et fit promulguer par le décret du 18 juin 1860 l’assimilation aux grades de la hiérarchie militaire ainsi qu’il suit :


Inspecteur Général de brigade
Principal de 1re classe Colonel
Principal de 2e classe Lieutenant-colonel
Major de 1re classe Chef de bataillon
Major de 2e classe Capitaine
Aide-major de 1re classe Lieutenant
Aide-major de 2e-classe Sous-lieutenant

L’assimilation existe du reste depuis longtemps dans toutes les grandes armées de l’Europe. En Autriche, elle est à peu près la même qu’en France ; le médecin principal en chef a le grade de