Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/838

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ouvrages merveilleux de la nature et de l’art dont ils font usage tous les jours sans y faire réflexion ; » puis il citera l’exemple des animaux que l’on nourrit avec de la paille et du foin, et qui fournissent du lait à une famille entière, ajoutant : « qu’on examine donc cette merveille, à laquelle on est accoutumé sans l’avoir jamais approfondie. » Depuis la question a été étudiée, et le maître instruit saura expliquer aux élèves le phénomène de la production du lait et de la graisse. L’auteur du Traité des études exposera encore ce qu’on peut apprendre dans un jardin ou dans une campagne au sujet des plantes et des animaux, dont une certaine connaissance ne devrait manquer à personne. Des avis de ce genre ont pourtant été négligés, et aujourd’hui, lorsque les sciences ont pris un développement qui est l’honneur de la civilisation moderne, elles sont ou reléguées au dernier rang ou tout à fait exclues dans l’instruction donnée à la jeunesse.

La physique et la chimie sont l’objet d’un cours spécial dans les collèges, mais il ne faut pas en conclure que les jeunes gens en tirent un avantage bien marqué. Nous ne voulons pas en ce moment nous occuper de la chétive importance attribuée à ces sciences dans le programme universitaire ; c’est au mode d’enseignement qu’il convient de s’arrêter. Les leçons orales, toujours insuffisantes, sont rarement suivies avec attention. Seuls, les élèves que la mémoire favorise en conservent la trace, et, ne possédant que des définitions, l’idée des sujets dont on les a entretenus demeure extrêmement vague. Nous l’avons dit, dans les matières scientifiques on n’est jamais vraiment instruit si l’on n’a étudié directement les faits. Que l’on appelle les élèves à reproduire des expériences de physique, à faire des manipulations de chimie, et pour la plupart d’entre eux le bonheur sera complet. Enfans et adolescens travailleront avec joie, parce qu’ils conserveront la liberté des mouvemens, qui est précieuse à la jeunesse, presque sans fatigue, parce qu’ils seront captivés. Alors on les verra bientôt acquérir des notions positives qui resteront toujours présentes à l’esprit, car on oublie peu lorsque les yeux et les mains ont été mis au service des opérations de l’intelligence. Ayant appris à connaître la puissance et les effets des agens physiques, les propriétés des corps les plus répandus, les transformations et les usages des produits les plus utiles, les jeunes gens, comprenant désormais les ressources infinies que procurent les études sérieuses, deviendront en général de bons appréciateurs des grands intérêts de la société.

Jusqu’à une époque encore bien récente, personne n’avait imaginé que des notions d’histoire naturelle pussent faire entièrement défaut dans une bonne éducation ; un jour est venu pourtant où l’histoire naturelle a été bannie de l’enseignement universitaire : une date