Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 94.djvu/845

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ÉLOQUENCE
POLITIQUE ET JUDICIAIRE
A ATHÈNES[1]

LYSIAS, L’AVOCAT ATHENIEN

I. Histoire de la littérature grecque jusqu’à Alexandre le Grand, par Ottfried Muller, traduite, annotée et précédée d’une étude sur Ottfried Muller, par M. K. Hillebrand; 2 vol. in-8o, Paris. — II. Demosthenes und seine Zeit, von Arnold Schœfer, 4 vol. in-8o, Leipzig. — III. Des Caractères de l’atticisme dans l’éloquence de Lysias, par M. Jules Girard; in-8o, Paris. — IV. Le Discours d’Isocrate sur l’Antidosis, traduit en français pour la première fois par M. A. Cartelier, avec une introduction par M. Ernest Havet, grand in-8o, Paris.

« S’il est honteux de ne pouvoir se défendre par les forces du corps, il doit l’être aussi de ne pas le pouvoir par la parole, qui, bien plus que les forces corporelles, est le propre de l’homme. » Ainsi parle Aristote dans le premier chapitre de sa Rhétorique, et la pensée qu’il exprime avec cette sobre et ferme précision qui est le cachet de son style, on la rencontrerait, sous différentes formes, chez plus d’un écrivain ou d’un orateur attique. C’était donc pour les Athéniens chose nécessaire, indispensable, que de savoir parler en public, sinon toujours avec éloquence, du moins de manière à exposer clairement ses idées ou à défendre ses intérêts quand on avait le droit de son côté, à ne point se sentir interdit devant une foule ou désarmé devant un injuste agresseur. Il y avait dans cette théorie un grand fonds de sagesse. Les mœurs des pays libres, de l’Angleterre, de l’Amérique surtout, se rapprochent fort à cet égard de celles des républiques anciennes. Le jeune homme y apprend à

  1. Voyez la Revue du 15 juin.