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pennes secondaires sont d’un noir bleu. La poitrine et le ventre sont d’un blanc pur, et la queue, brune à la base, barrée de vert et de blanc dans le milieu, se termine par une couleur écarlate. Le faisan de Amherst, connu déjà depuis longtemps, était demeuré extrêmement rare en Europe, et il n’en existait aucun individu dans nos cabinets d’histoire naturelle de France. En 1828, le comte de Amherst, l’ambassadeur d’Angleterre, se trouvant en Chine, reçut de sir Archibald Campbell, qui les tenait du roi de Ava, deux mâles vivans du splendide oiseau. La comtesse de Amherst les conserva pendant deux années et les amena en Angleterre, où ils moururent quelques semaines après leur arrivée[1].

Nous avons parlé ailleurs des beaux gallinacés qu’on appelle les crossoptilons[2]. Dans les montagnes du Thibet oriental et du Sse-tchuen occidental, on a découvert une espèce de ce genre[3], qui est d’un blanc pur, avec une queue noirâtre, courbée et étalée comme un panache ; pour les Chinois et les Thibétains, c’est le faisan des neiges. À la fin du siècle dernier, on trouvait au Népaul un oiseau dont le plumage est d’une magnificence presque incomparable : le lophophore, dédié à lady Impey[4], qui fit des tentatives pour introduire l’espèce en Angleterre. Le lophophore du Népaul a tout le dessus du corps d’un vert métallique éclatant avec des reflets dorés, pourpres et violets, les parties inférieures noires, nuancées de vert, et la queue courte d’une teinte fauve assez claire. Comme suprême ornement, il porte une ravissante aigrette formée de plumes minces terminées en lames oblongues, ayant la couleur et le brillant de l’or. Le mâle seul a cette riche parure, et la femelle est toute brune, avec des raies et des taches irrégulières roussâtres. Jusqu’ici on pouvait croire qu’au milieu de la création le lophophore du Népaul était unique dans son genre ; les explorations des gorges de Mou-pin ont amené la connaissance de deux espèces voisines, l’une aussi merveilleusement belle que l’oiseau doré de lady Impey, mais ayant les plumes de l’aigrette larges dès l’origine et la queue d’un vert cuivreux, constellée de cercles blancs, l’autre de couleurs plus sombres[5]. Ce n’est pas tout encore, un superbe tragopan[6]

  1. Le bel oiseau qu’on croyait alors provenir des montagnes de la Cochinchine a été décrit en 1833 par le zoologiste Leadbeater et dédié à la comtesse de Amherst (Phasianus Amherstiœ).
  2. Voyez la Revue du 15 février, p. 731.
  3. C’est le Crossoptilon Drouinii décrit par M. Milne Edwards. — Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, 1868.
  4. Le Lophophorus impeyanus qu’on a vu vivant au jardin d’acclimatation.
  5. Ce sont le ''Lophophorus Lhuysii et le Lophophorus obscurus décrits par M. Jules Verreaux ; le dernier est représenté dans les Archives du Muséum d’histoire naturelle.
  6. Coriornis Temminckii.